Chère Fabuleuse,
Lundi dernier, mon cœur était plutôt gris. Le stress que m’occasionnait la visite d’un membre de ma famille que je craignais avait pris toute la place dans ma tête et dans mon cœur. La fatigue révélant rarement le meilleur de moi-même, je n’arrivais pas à sortir de mes ruminations et imaginais le pire sur la tournure que pourrait prendre cette visite. Je la vivais comme une intrusion dans mon quotidien alors que j’aurais eu besoin de me retrouver au calme.
Il pleuvait. Le bleu du ciel était couvert par des nuages gris et bas que les rayons du soleil ne parvenaient pas à transpercer. Une fois la pluie calmée, il restait sur le sol de nombreuses flaques d’eau et un sol boueux. Une des flaques se trouvait sous une petite lumière et la reflétait au gré du vent qui balayait sa surface. C’était en fait, pour qui décide d’observer et de se laisser toucher, assez beau.
À ce moment, je sus que j’avais le choix.
Je pouvais rester dans ma noirceur (avec les minutes qui passaient et l’énergie que je mettais à penser, le gris était en effet passé au noir !) et attendre la fin de la journée en subissant le temps qui passait.
Je pouvais aussi choisir de quitter cette noirceur pour faire le focus sur la beauté de ces reflets de lumière.
J’ai trouvé la démarche difficile.
Elle m’a demandé de l’énergie, un peu comme s’il fallait que je me désenglue d’un endroit moche mais chaud où je me complaisais à croupir, pour faire de la place en moi à l’émerveillement bien réel de ces points de lumière.
Quelle joie.
Quelle libération.
Quelle fierté.
J’ai pu savourer le pouvoir que j’avais de choisir ma façon de vivre des moments que je n’avais pas choisis.
J’ai alors décidé d’accueillir cette personne en gardant dans mon cœur cette joie née de l’émerveillement devant ces lumières. Je me suis sentie plus solide en face d’elle alors qu’au fond de moi elle me faisait peur. Je détenais la certitude que je pouvais vivre ces instants au lieu de les subir.
Le pouvoir de l’émerveillement était plus grand que ma crainte.
J’ai été tellement fière de moi.
J’ai été heureuse d’avoir osé et je sais que je recommencerai.
Et toi, chère Fabuleuse,
As-tu déjà osé te laisser surprendre par l’émerveillement pour laisser la place à la joie dans ton cœur ?