En voilà une drôle d’idée d’écrire un article au mois de septembre sur le repos, quand l’heure est à la reprise du travail après la pause estivale. « De quelle pause me parlez-vous ? », diraient certaines pour qui l’été a ressemblé à un marathon, ou encore à une période bizarre après le tsunami de l’annonce d’une maladie, d’un décès dans la famille ou chez des amis, ou des deux à la fois.
Certaines Fabuleuses auraient sûrement bien voulu “profiter” de leur été (j’en parlais dans mon dernier texte) et prendre des vacances, mais elles n’ont pas pu ou su le faire. Enfin pas assez.
Chère Fabuleuse,
Toi qui n’as pas eu à choisir entre vacances à la mer, campagne et montagne puisque restée auprès du nid familial, dévolue à ton aidé, tu n’as pas vécu de “coupure” et de dépaysement. J’ai une bonne nouvelle pour toi : si tu n’as pu ou su te reposer et rester sans rien faire quelques minutes par jour, il n’est pas trop tard ! Tu peux encore prendre le temps de regarder le ciel, la nature, méditer, dévorer un livre ou même regarder une bonne série, depuis cette chambre d’hôpital ou depuis ton appartement ? Tu peux regarder défiler les photos de vacances de tes proches en accueillant les pensées qui te viennent et les laissant repartir, même les moins agréables : amertume, envie, colère, lassitude, inquiétude face à cette situation et aux vacances “ratées”. Tu peux te dire qu’un jour, demain, ou dans un an, ce sera toi qui partira en vacances. Tu peux te réjouir de cette rencontre avec un autre patient, sa famille, un professionnel de santé, ou encore un voisin comme toi resté là, et dont tu découvres qu’il ne part jamais l’été, faute de moyens, d’envies, de liens.
Et toi qui es partie en vacances,
Peut-être es-tu rentrée encore plus fatiguée, voire épuisée. Certes, il y a eu des moments sympas, de détente, des “mojito-transat” en terrasse, des délicieuses surprises pêchées dans les casiers dans la mer, des vues imprenables entre deux sommets, des ciels spectaculaires et des danses sous la pluie, des odeurs de gaufres, de pin, de foin coupé. Mais tu n’as toujours pu ou su les vivre pleinement, les savourer.
Parfois, tout allait bien mais c’est ta tête qui gambergeait et tu ne réussissais pas à vivre le moment présent. Parfois le sort se liguait et à peine assise ou partie te promener, tu étais interrompue par des « Maman, viens vite, Mamie (atteinte d’Alzheimer) a disparu » ou « Anatole saigne du nez », « Peux-tu racheter des céréales, des compresses et des courgettes ? », sans oublier les incontournables « Il y a quoi pour le dîner ? » et « Que fait-on aujourd’hui ? » Il y avait aussi l’aide à domicile — que tu avais mis deux mois à trouver — qui appelait dès le deuxième matin pour te dire que s’étant bloquée le dos « à cause » de ton aidé, elle ne pourrait plus venir.
Partir en vacances, c’est bien et c’est souvent une chance, mais il faut reconnaître que ce n’est pas toujours reposant. La surcharge de travail domestique de l’année se poursuit pendant les vacances pour les Fabuleuses en couple et même se majore souvent pour les Fabuleuses solo .
Je pense à toi aussi, chère Fabuleuse aidante qui as vraiment passé de bonnes vacances reposantes ET dépaysantes, dans la joie et l’allégresse.
Tu es ravie de ces quelques jours ou semaines, tu te dis reposée. Mais …à peine la clef dans la serrure de ton cocon familial, tu sens la boule monter au ventre. Tu te mets à bailler à tire-larigot et te sens comme en décalage horaire.
Le stress monte.
Les valises à défaire après la fatigue des embouteillages et du trajet, les fournitures toujours pas achetées, la difficulté de retrouver ses repères pour ton aidé désorienté, ton usure à l’idée de reprendre des rendez-vous avec l’orthophoniste, le psychomotricien, le kiné, l’ergothérapeute, le médecin, d’inscrire tes enfants à des activités et de retrouver un autre rythme. Et pour un quart des Fabuleuses, le stress financier qui se rajoute au reste.
J’ai aussi une bonne nouvelle pour toi : tu n’es pas la seule.
Selon une enquête IFOP, 70% des femmes se disent fatiguées à la fin des vacances (contre 52% des hommes) en raison de ce stress lié à la charge mentale qui revient au galop à la rentrée (enfin, pour celles qui ont pu la diminuer pendant les vacances). Il est normal aussi de ressentir de la fatigue au retour des vacances car notre corps se réhabitue à un nouveau rythme, avec des heures de coucher et de lever différentes. Ceci prend de l’énergie et pas seulement pour ceux qui auront changé de fuseau horaire pendant l’été.
Deuxième bonne nouvelle : la fatigue et le stress vont diminuer au fur et à mesure que tu vas réinstaller et (re)choisir vos habitudes de vie sécurisantes et bienfaisantes. Souviens-toi que l’an passé, tu avais déjà vécu ce stress et que tu l’as surmonté. Tu y arriveras aussi cette année.
Nous alternons travail et repos, tous deux indispensables à nos besoins d’accomplissement, notre joie et à notre subsistance. Il est d’usage, au début des vacances, d’inviter au repos. Une fois n’est pas coutume, je t’invite, en ce temps de rentrée et de reprise probable du travail, à trouver ou poursuivre un rythme reposant et/ou de saines routines de vie pour cette nouvelle année scolaire : temps de recentrement, de ressourcement, temps de jeux familial, décrochage des écrans, saine alimentation, activités physiques régulières.