Le mode survie, je l’ai connu…
…même si je ne m’en rendais pas compte sur le moment.
Pendant tellement d’années, je n’ai vécu que dans un tourbillon ! J’essayais de comprendre ce nouveau monde dans lequel j’avais été plongée brutalement : le monde du handicap, rempli de sigles, de rendez-vous, de nouveau vocabulaire, d’examens, de nouvelles qui se succédaient frénétiquement les unes après les autres, de phrases terribles, maladroites, de paperasse en tout genre, etc.
J’essayais de trouver encore et toujours comment aider au mieux mon fils : mes pensées étaient majoritairement orientées en ce sens pendant un long moment.
« Quelle activité serait judicieuse pour l’aider à développer sa motricité ? »
« Que pourrait-on faire pour l’aider à tonifier son dos et limiter son hypotonie axiale ? »
« Est-ce qu’il sent les crises d’épilepsie arriver ? En a-t-il peur ? Comment puis-je lui apporter de l’apaisement ? »
« Est-ce que son lait le nourrit assez ? A-t-il la sensation de faim ? »
« Quel spécialiste pourrait nous aider encore mieux ? », etc.
J’avais un millier de questions dans ma tête
et pas toujours les réponses ni les solutions, mais je ne lâchais rien. Je passais tellement de temps dans des livres ou sur internet pour comprendre, pour chercher de nouvelles idées, voir ce que d’autres faisaient, pour trouver des objets efficaces…
J’essayais de jongler entre les impératifs de mon loulou, de mon couple, de mon travail, etc. J’essayais de caler tout cela dans mon emploi du temps, d’être un peu partout à la fois, de n’abandonner aucune personne, aucune part de ma vie.
J’essayais de faire de mon mieux, même si ce mieux n’était pas toujours celui que j’espérais.
Pour autant, je laissais de côté certaines parties de moi et cela me navrait : alors que je suis une grande lectrice, je ne lisais plus rien, je n’avais pas la tête à cela, ni le temps ni l’énergie. Chaque année, je m’inscrivais à une activité sportive, je m’y accrochais comme à une bouée mais très vite je l’arrêtais, baissant les bras devant ma fatigue et le trop plein de tout.
J’avais mal au dos tellement j’étais contractée, en mode vigilance.
Et puis un jour, je me suis dit STOP.
Que ce n’était pas ça, la vie. Que j’étais en mode survie alors que mon mantra était le suivant : « Je veux pour nous la vie la plus normale possible ».
Peu à peu, j’ai opéré des changements : puisque l’extérieur n’allait pas changer, c’était en moi qu’il allait falloir que je bouge des lignes.
J’ai ainsi peu à peu laissé la vie me traverser de nouveau.
Je l’ai laissée m’envelopper, je l’ai accueillie autant que possible, je lui ai fait plus de place.
J’ai fait des choix, j’ai agi.
Je ne sais pas ce qui a été le déclencheur. Peut-être la décision d’arrêter les recherches pour avoir un diagnostic pour mon fils. Une nouvelle dynamique était en route. J’avais changé le cours de mes pensées, donc mon focus était différent et forcément la direction de mon énergie en a été impactée. Pour autant, j’ai continué à être une bonne maman pour mon fils, à lui apporter encore et toujours le meilleur de moi.
Comment faire entrer plus de vie dans un tel quotidien ?
Le décider ! Cela peut paraître bateau comme phrase, mais c’est la vérité. À partir du moment où l’on décide fermement ce qu’on veut, qu’on sait pourquoi on le fait, qu’on pose cette intention de vie de façon ferme et non négociable, c’est comme si on plantait une graine : comme tout jardinier, on va ensuite venir parler à cette graine, l’arroser, en prendre soin pour qu’elle pousse et donne des beaux fruits.
C’est la même chose avec cette intention de vivre et non de survivre :
- Conscientiser ce qui se passera si tu restes dans ce mode survie. Visualiser où tu en seras dans 10 ans, dans 20 ans, dans 40 ans … Quel impact aura un changement ? Sur toi et sur tes proches ? Cet exercice va te donner la motivation et l’élan nécessaires pour passer du mode “survie” au mode “vie” !
- Chaque jour, se rappeler ton intention et la raison de ce changement, en le disant à haute voix, en la lisant (sur des papiers que tu auras mis un peu partout chez toi ou sur ton fond d’écran de téléphone). Ton mantra pourrait être : « J’arrête le mode survie, je choisis la vie pour mon bien et celui de mes proches ».
- En même temps, sentir ce que ça fait de vivre vraiment. S’il le faut, se remémorer des souvenirs de pleine vie et ressentir des moments dans le corps : le cerveau ne fait pas la différence entre un souvenir (une visualisation) et un fait réel qu’on est en train de vivre ; l’impact sur le corps est le même.
- Diffuser cette sensation agréable dans tout le corps, se laisser remplir par cette énergie de vie.
- Respirer ! La respiration, c’est la vie. Si on ne respire pas bien, on survit. Si on ne respire pas, on meurt. C’est tellement naturel de respirer qu’on n’y pense même pas. Le hic, c’est que le stress et le plein régime rendent la respiration plus courte, plus contractée, créant un vrai déséquilibre intérieur. Donc, prends 1 ou 2 minutes (plus si tu le peux), plusieurs fois dans la journée pour respirer en conscience, une main sur le ventre, une autre sur la poitrine pour sentir les mouvements induits par la respiration. Sens l’air qui entre et qui sort par tes narines. Fais circuler la vie dans ton corps !
- Lister ce qui fait que tu te sens en vie, ce qui te fait du bien, ce qui augmente ton énergie, ce qui te met en joie. Si cela fait longtemps que tu n’as pas ressenti cela, c’est OK. Dans ce cas, repenser à ce que tu aimais faire quand tu étais plus jeune (enfant, ado, jeune adulte). Et se mettre en action ! Car pas d’action = pas de changement ! Bien sûr, il est essentiel d’être réaliste et de tenir compte de ton quotidien, sinon cela ne fonctionnera pas. Par exemple, si tu veux bouger, tu peux mettre une musique que tu aimes beaucoup et danser à fond dessus : cela ne te prendra que 3 minutes et je peux t’assurer que tu te sentiras bien après, que tes cellules pétilleront et il y a fort à parier qu’un sourire sera apparu sur ton visage !
- Apporter de la régularité dans ces pratiques énoncées plus haut. C’est la répétition qui va permettre à ton mental et à ton corps d’intégrer la nouvelle direction que tu prends. Il vaut mieux danser une fois par jour sur une chanson (donc 3 minutes), chaque jour, plutôt que de le faire 10 minutes une fois par semaine ou même par mois. Et même dans les moments difficiles — comme une hospitalisation par exemple ou une nuit blanche — ne mets pas cela de côté ! Au contraire, rapporter de la vie dans ton quotidien va te soutenir, vous donner l’énergie nécessaire pour avancer ! Je me revois à l’hôpital en train de faire mes méditations, quelques mouvements de stretching ou de yoga (sans tapis, c’est possible) : ma journée démarrait bien mieux ainsi, même si j’avais fait une nuit blanche à côté de mon fils.
- Prendre des petits moments pour toi autant que possible, même 5 minutes, quitte à mettre une alarme sur ton téléphone. Pour faire quoi ? Prendre une petite pause dans ce tourbillon qu’est ton quotidien, ne plus penser à tout ce qu’il y a à faire, ne plus être emportée par tes émotions : juste être là pour toi, comme tu l’es pour ton enfant, pour ta famille.
- Observer tes pensées : si elles t’emmènent encore et toujours dans ce tourbillon, choisis de nouvelles pensées vers des sujets qui ouvrent des perspectives, qui te font te sentir mieux/bien, qui te soutiennent dans tes envies, dans tes projets. Par exemple, quand tu te surprends à penser à ce que tu pourrais faire de plus, aux rendez-vous de la semaine et comment tu vas devoir t’organiser, cela peut être tout simplement de penser « STOP », de prendre une grande respiration et de mettre ton focus sur ce qui t’entoure (idéalement la nature quand c’est possible) : ça va arrêter quelques instants ton mental qui carbure à fond pour te permettre de penser à ce qui est là, ici et maintenant. Tu reprends ton pouvoir personnel et tu optes pour des pensées soutenantes.
Actuellement tu es plutôt “Team survie” ou “Team vie” ?
Quel petit pas vas-tu faire pour amener plus de vie dans ton quotidien ? Ton âme te remercie d’avance !