Enfants extraordinaires

Ne t’empêche pas de rêver

Brunella Maillot 25 mars 2024
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Aujourd’hui, j’aimerais te parler d’Ele. À l’âge de huit ans, elle perd sa mère, atteinte de diphtérie. Son père, maintenu dans un sanatorium car alcoolique et drogué, meurt deux ans plus tard. Elle, jeune aidante. 

Elle perd ensuite l’un de ses frères en bas âge. Ensuite, elle rencontre l’homme de sa vie et donne naissance à six enfants, dont l’un meurt en bas âge. Elle, maman aidante. 

À l’âge de 39 ans, son époux contracte une maladie qui a pour conséquences une paralysie de ses membres inférieurs. Elle, conjointe aidante.

Pourtant, cette femme est restée proche de lui, prenant soin de lui et l’encourageant même à continuer de rêver, elle-même étant un de ses plus grands soutiens.

Peut-on dire que cette femme a eu une vie assez bousculée, intense en tant qu’aidante ? Cette femme, Ele, est à l’originie d’une phrase désormais célèbre et que tu as peut-être déjà vue affichée : « Le futur appartient à ceux qui croient en la beauté de leurs rêves. »

Cette aidante dont je te parle, c’est Eleanor Roosevelt. 

Combien d’entre nous, aujourd’hui, pouvons graver cette phrase en nous. Cette phrase prend encore plus de sens lorsque nous réalisons l’intensité de ces mots, prononcés par une femme courageuse et qui a affronté bien des tumultes qui auraient pourtant pu l’empêcher de rêver ! 

Chère Fabuleuse, c’est un fait. Notre monde s’écroule lorsque nous apprenons que notre enfant est différent, que notre parent aura besoin de nous, que notre vie ne sera pas celle que nous avions dessinée, projetée… Nous passons par ces phases du processus de la douleur, si importantes, mais parfois très difficiles à gérer.

Mais rester dans cette douleur, c’est se priver de beaux moments de vie.

Alors oui, notre vie est différente mais n’est-elle pas belle, aussi, cette vie que j’aime qualifier d’“exceptionnelle normalité” ? Certaines d’entre nous ont appris à supprimer, refouler, enterrer et nier tout espoir ou rêve. Refusant ainsi de souffrir à nouveau, de voir nos idéaux volés par la déception ou une douleur émotionnelle trop intense. 

Nous avions rêvé d’une vie, nous avions rêvé de ce futur et là, patatras, tout semble compromis. Conséquence de cette douleur, de ce choc, de ce traumatisme : notre cerveau va, dès lors, associer les rêves à la déception. C’est trop douloureux de rêver, alors autant se protéger : ne rêvons plus !

Nous voilà avec nos tenailles de la censure, court-circuitant nos schémas mentaux, dans ce réflexe archaïque d’auto-protection. Est-ce que tu te reconnais, même un peu ? 

Je t’invite à faire une pause

Ferme les yeux. Quels rêves as-tu laissés s’envoler ? Quels rêves as-tu renoncés à poursuivre ?  Ferme les yeux avant de continuer ta lecture et laisse les larmes couler s’il le faut… J’aimerais te dire que je comprends. Mes larmes aussi ont coulé bien (trop) de fois.  Pourtant, j’ai réalisé qu’en faisant cela, je ne me protège pas. Je me coupe tout simplement les ailes et m’empêche de vivre. Je t’encourage à prendre le temps… 

Note ces réflexions dans un petit carnet : 

  • Qu’est-ce qui te fait peur ? 
  • Qu’est-ce qui te retient ? 
  • Pourquoi ne pas essayer ceci ou cela ? 
  • Pourquoi ne pas casser cette “monotonie” ?
  • Quelles sont les causes profondes qui t’en empêchent? 
  • Quelles sont les peurs qui te retiennent ? 

Tu seras surprise de voir qu’il y a bien des alternatives qui pourraient être trouvées pour pallier aux “causes qui t’empêchent”. Je t’encourage, chère Fabuleuse, à laisser tes pensées être modifiées. Arrêtons avec ces pensées d’auto-sabotage et vivons la vie que nous souhaitons !

Malgré la différence, nos vies peuvent être belles ! 

C’est en décidant d’être nous, de nous lever, de déployer nos ailes, que nous pourrons avoir le plus d’impact positif sur les membres de notre entourage. Alors, qu’attends-tu ? 

Je vais partager avec toi un fait scientifique incroyable car comme tu le sais, je suis aussi praticienne en neurosciences. Une étude sur la prévention de la dépression et de l’anxiété a démontré que le fait de réveiller une personne avant que celle-ci n’entre dans un sommeil à mouvements oculaires rapides, lui coupant ainsi la possibilité de rêver, entraînera chez elle de l’anxiété, de la dépression et des tensions. Par conséquent, le fait de dormir et de rêver est crucial afin d’être sereine et apaisée ! 

Est-ce que tu saisis le parallèle avec le fait de poursuivre tes rêves ? 

Des études scientifiques du Dr Randolph Arnau ont montré une corrélation entre le fait de se projeter et l’augmentation des hormones du bonheur, des émotions positives, de l’optimisme et de ce fait la diminution conséquente de l’anxiété et du stress. Plus l’espoir est grand, plus l’anxiété est faible et vice-versa. Par exemple, nous ne comptons plus le nombre de fois où l’espoir a conduit des élèves à des taux de réussite incroyable, où il a permis à des personnes ayant vécu des traumatismes dans des camps de concentration de se reconstruire de façon incroyable. À ce stade de ta lecture, tu dois cerner un peu mieux l’idée.

À ce propos, je t’encourage à (re)visionner le programme “Stop à l’épuisement” que nous t’avions proposé avec Anna. Dans une des vidéos, j’aborde plus en détail l’importance de rêver.

Des analyses sur les imageries cérébrales ont révélé que lorsque les gens se projettent, ont des rêves, sont optimistes, ils ressentent une activité dans l’amygdale (centre de traitement des émotions) et une partie d’une région du cortex antérieur (zone de la réflexion sur soi, sur le passé et l’avenir). L’espoir peut bloquer la douleur en libérant des endorphines et des enképhalines, un peu comme la morphine. L’espoir a également un impact sur le système nerveux, augmentant la récupération. 

Je pourrais te citer tellement de points corroborant mes propos mais je pense que tu l’as bien compris : 

Il nous faut continuer de rêver !

Il nous faut continuer de nous projeter, d’avancer, même si ce n’est pas facile. Notre vie peut être belle, malgré les challenges ! Le fait de rêver, de continuer à se projeter nous permet de saupoudrer nos vies de plus de douceur. Cela renforce, de façon indéniable, la résilience si précieuse et indispensable pour les aidantes que nous sommes. 

Pour finir, j’aimerais donc te demander de noter 5 rêves que tu as enfouis au fond de ton coeur, que tu as tenté d’auto-saboter avec tes tenailles de la censure (tu sais, celles qui te rassurent mais qui, en vrai, te coupent les ailes)

Une fois que tu as noté ces rêves, je t’invite à tout mettre en œuvre durant les prochains mois pour les vivre et les accomplir, à ta façon à toi ! 

Chère Fabuleuse, 

Jamais je n’aurais rêvé de la réalité qui s’est imposée à moi, mais j’ai choisi, avec mon Fabuleux, de poursuivre la beauté des rêves que nous avons. Et j’adapte ainsi ma quête en fonction des éléments qui sont les nôtres aujourd’hui. Nos vies sont différentes mais peuvent être belles ! Et j’en suis convaincue : le futur nous appartient si nous apprenons à croire à la beauté de nos rêves.



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Cet article a été écrit par :
Brunella Maillot

Thérapeute familiale et conjugale, je suis maman de trois enfants, dont un en bas âge et deux qui sont polyhandicapés. Mon quotidien est donc rythmé par une cadence intense : jongler entre école à la maison pour mon benjamin, prise en charge thérapeutique et dépendance totale de mes aînés pour les actes de leur vie quotidienne. 

La gratitude est pour moi une valeur à chérir profondément et c’est sous ce prisme que j’ai choisi de partager sur les réseaux les chroniques de ma vie de tribu, sans fards et de la façon la plus authentique et vulnérable qu’il soit.

J’accompagne, avec mon Fabuleux, des aidants familiaux dans le cadre de coaching personnalisé mais également d’ateliers de sensibilisation au sein d’institutions. 

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