Certaines journées passées avec mon aidé sont éprouvantes. Je me retrouve submergée par l’énervement ou encore par la colère de ne pas réussir à obtenir ce que je voudrais. Je sors alors faire une grande marche rapide pour évacuer le trop plein d’énergie qui me fait bouillir. Je peux ensuite me poser et réfléchir à mes besoins, à mon mode de fonctionnement.
Il y a des choses que je ne peux pas changer : l’autre (mon aidé) et le rôle dans lequel il me met (aidante). Ce que je peux donc essayer de modifier est la façon dont je vais le faire.
Hier a été une journée bien difficile pour lui et pour moi.
Je me suis exaspérée contre son incapacité à comprendre des consignes qu’avec mes codes je trouve simples voire basiques. Je me suis mise en colère contre son impossibilité à aller jusqu’au bout de la tâche qui me semblait courte et simple. Je pensais certains rituels acquis, il faut en fait recommencer à l’accompagner pour qu’il les intègre.
J’ai dit des mots que je regrette. Je lui ai fait mal. Je me suis aussi fait du mal. Qu’a-t-il manqué à ma journée pour que j’en vienne à ne plus me maîtriser ? J’ai trouvé 3 choses que je te livre là, 3 incontournables qui me permettent de traverser mes journées avec lui sans que nous y laissions trop de plumes..
Tout d’abord la tendresse.
Pour moi la tendresse est un geste, une parole qui va déborder de mon cœur et transmettre à l’autre une douceur, une attention, une sensation d’être aimé peut-être. Ce n’est pas de la mièvrerie. C’est une façon de donner à l’autre l’amour au quotidien.
Notre année est ponctuée de célébrations qui donnent l’occasion de dire spécialement à l’autre notre amour. Ce sont les anniversaires, les fêtes, Noël, des retrouvailles… La tendresse, elle, va permettre que l’amour soit dit ou ressenti au quotidien. Dans les jours difficiles, dans la douleur, elle agit comme un baume : elle rend plus souple, elle apaise.
C’est une parole qui va permettre à celui qui se sent inutile de se sentir exister et reconnu.
Avec mon fils, c’est une façon de m’adresser à lui, de l’écouter en le regardant et en donnant de l’importance à sa demande. C’est aussi le toucher avec délicatesse.
Quand je manifeste de la tendresse à mon aidé, je lui montre que je rentre en communication avec lui plus profondément, avec le cœur, sans carapace. Quelque chose de ma vulnérabilité transparaît alors.
Sans cette tendresse, mes gestes sont machinaux. Je fais alors plus attention à ce que je fais qu’à la personne pour qui je le fais. La tendresse, quand je la donne, me fait du bien. Elle m’oblige à être présente à l’autre et à ce que je fais. J’en profite aussi. C’est une tendresse que je me donne à moi aussi. Je consens à ma vulnérabilité.
Il y a ensuite la gratitude pour les petites choses, les toutes petites choses.
- Gratitude pour la couleur du ciel à droite de l’arbre que je vois de ma fenêtre. Je savoure ce dégradé ou cette palette de couleurs contrastées mais accordées.
- Gratitude pour la fraîcheur de l’eau que je viens de boire et que je sens encore dans ma gorge.
- Gratitude pour la façon dont mon lit est bien fait, sans plis ce matin.
- Gratitude pour l’odeur du savon et pour les coquelourdes qui sont si belles dans le jardin d’un voisin…
- Gratitude pour le bol du petit déjeuner qui, même s’il n’est pas dans la machine à laver, a quand même été retiré de la table et mis sur le rebord de l’évier.
Je choisis alors que chacune de ces petites choses est un cadeau.
D’un côté, il y a ma fatigue, mon énervement, ma tristesse. De l’autre, il y a cette petite joie qui n’annule pas le négatif mais me rappelle qu’il y a aussi de belles choses et que je peux choisir de leur donner de l’importance. C’est une étoile qui brille dans la nuit, un cadeau qui vient réjouir mon cœur et le dilater.
Et ensuite, je le sais, il me faut un livre.
Le livre, c’est la porte ouverte sur un monde dans lequel je peux m’échapper, dans lequel je ne suis plus l’aidante. En ce moment je m’évade quotidiennement (pour pas cher) au Japon grâce à l’histoire pleine de poésie, d’une jeune fille qui part à la recherche de ses origines. Cet ouvrage me fait découvrir une nouvelle civilisation avec ses valeurs et ses traditions. Je me laisse bercer par des mots aux consonances peu familières, par le rythme des phrases.
La semaine dernière, je vivais une enquête policière dans le milieu du vin grâce à un bon polar d’Agathe Portail, chroniqueuse chez les Fabuleuses au Foyer. J’ai ainsi pu découvrir des univers différents et voyager quelques instants loin de mon quotidien.
J’ai découvert au fil des années d’autres choses, d’autres moyens de trouver mon équilibre : peindre par exemple ou encore discuter et partager avec d’autres.
Mais la tendresse, la gratitude et les livres sont les trois choses qui me ressourcent, me permettent de me connecter à moi-même ou de m’évader.
Et toi chère Fabuleuse,
Quelles sont les attitudes ou les activités qui mettent de la douceur ou de l’énergie dans ta journée ?
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