Inquiétude quand tu nous tiens ! Tu le connais, chère Fabuleuse, ce petit vélo dans la tête qui mouline à 100 à l’heure ? Il te fait te dire :
« Et si je n’arrive pas à tout concilier ? »
« Et si mon enfant est viré de l’école ? »
« Et si la nounou me plante ? »
« Et si la MDPH refuse mon dossier ? »
« Et si mon Fabuleux se barre ? »
« Et si l’aide à domicile est malade, ne vient plus ? »
« Et si les médecins ne trouvent pas ? »
Pour finir parfois peut être sur LA grande question : « Et si il meurt ? »
Souvent aussi, tu t’inquiètes :
« Et lorsque moi, Fabuleuse maman (avec mon Fabuleux) nous mourrons, qu’adviendra-t-il pour mon enfant ? »
Souvent, nous anticipons des événements, et nous nous transformons en oiseaux de mauvaise augure. Je ne parle pas des fois ou la peur est justifiée face à des dangers immédiats, mais des moments où nous pouvons nous épouvanter de choses possibles voire probables mais sans aucune certitude. Philosophiquement, la distinction entre le probable et le vrai n’est pas une question de degré mais d’essence.
Nous nous stressons, souvent démesurément.
Cela s’appelle des peurs anticipatoires. Ou encore de l’inquiétude. On voudrait contrôler le cours des choses parce qu’on craint de se sentir mal en point si quelque chose de désagréable arrivait. Au fond, on a souvent peur de la peur. Résultat : on se sent mal alors que ce “pire” n’est pas arrivé, ou pas encore. Une pensée anxieuse ou inquiète en entraîne une autre. Et le cercle vicieux s’installe. On en rajoute encore une couche en s’en prenant à nous-même d’être autant anxieuse, inquiète, stressée. Et bing, on s’inflige une nouvelle tape sur la tête en se disant : « Ma pauvre fille tu es — décidément — incapable de pensées positives ! » et l’on porte notre attention sur ce que, justement, l’on ne voudrait pas.
Selon le chercheur de Yale, Robert Leahy, 85% de nos inquiétudes finissent par ne jamais se produire et 97% ne sont que le fruit d’exagérations et interprétations. Aujourd’hui je m’adresse donc à ces 85% et m’adresserai dans un prochain article aux 15% pour qui les inquiétudes sont devenues réalité. Ton inquiétude naît donc, le plus souvent, de ton imagination.
Première bonne nouvelle : c’est la faute de ton cerveau !
Ce petit malin n’est pas toujours si malin. Il n’aime pas l’incertitude alors il s’évertue à faire tourner en boucle dans ta tête des scénarios, en favorisant en général ceux qui sont négatifs, pour trouver une solution à ce qu’il perçoit comme dangereux. Par ailleurs, le cerveau ne faisant pas la différence entre le réél de l’imaginaire, il te fait vivre en pensée des centaines de fois un imaginaire futur que tu voudrais tant éviter. On risque alors, logiquement de faire arriver ce que l’on redoute, par le simple fait que l’on a porté notre attention là dessus. C’est une question de prophétie autoréalisatrice. : tu prédis ou t’attends à une situation et tu modifies ton comportement selon tes croyances, de telle sorte que la situation redoutée va advenir.
Comment faire pour dépasser son inquiétude ?
Tu as un choix : poser un couvercle et dire “même pas peur” en prenant le risque, en la niant, que cette inquiétude continue de tourner et de s’enfler voire de te paralyser. Ou bien décider de retirer le couvercle, regarder et observer ce qui t’inquiète et écouter le message de cette peur. Il s’agit d’utiliser le pouvoir de ton intelligence et celui de la volonté. Intelligence pour décoder et formuler ce qui fait peur précisément et quel est le besoin associé : ma peur m’invite-t-elle à trouver le juste équilibre entre anticiper certaines choses qui doivent l’être (par exemple faire des travaux d’ajustement au handicap, prendre contact avec telle association, demander de l’aide, réaliser telle démarche) et vivre chaque journée pleinement, comme si c’était la dernière, à me protéger d’autres choses (par exemple des personnes qui, en ce moment, me feraient plus de mal que de bien).
Que me dit cette peur ?
Peut-être te dit-elle que tu n’es pas prête à vivre cette situation ? Que tu n’as pas les moyens de faire installer un ascenseur dans ta maison ? Que tu n’as pas l’énergie de mener ce combat toute seul ? Tu auras été attentive au préalable aux symptômes physiques exprimés par cette peur, à l’endroit où cette peur ressort physiquement : le dos, la gorge, la poitrine… Ils te donnent des indices que quelque chose te trouble. Puisque nos émotions nous sont utiles autant que inoffensives, que nous sommes équipées pour les ressentir, tu peux décider de ce que tu fais de ton inquiétude. Le courage n’est pas et ne sera jamais de ne pas avoir peur mais de savoir quoi en faire et d’agir malgré elle, de la dépasser et de l’apprivoiser.
Chère Fabuleuse, le fait d’avoir peur ne va pas conjurer le “mauvais sort”. Mais apprivoiser ton inquiétude en la verbalisant et en explorant son message permettra peut-être de vivre plus heureuse au présent, de vivre heureuse même si le pire devait arriver.
Deuxième bonne nouvelle :
Ton anxiété t’invite à mobiliser ton intelligence mais aussi ta volonté : au lieu de te miner et de gaspiller ta précieuse énergie en t’inquiétant et en imaginant à quel point ce futur pourrait être terrible, tu peux exercer ton pouvoir personnel et ton imagination, à bon escient cette fois, pour chercher des ressources et des solutions afin de contrer la situation redoutée. En répondant à la question « Comment ? ».
- Comment se tenir prêt à telle situation ?
- Comment faire installer un ascenseur/une rampe pour ton proche en situation de handicap ?
- Comment chercher et trouver des fonds pour cela ?
- Comment et à qui demander de l’aide pour mener ce combat ?
Parfois un coup de pouce extérieur (ami ou professionnel) est bienvenu pour changer de lunettes, prendre de la hauteur, voir les choses autrement.
Ta peur peut te donner des ailes pour déplacer les montagnes au lieu de rester figée au fond du trou.
Pour élaborer un plan d’action, agir, ajuster, réajuster, vérifier pour répondre au problème.
Ta peur, à présent que tu en as fait le tour, tu peux lui dire : « Tu m’as protégée peut-être un temps, mais à présent c’est “CIAO bye bye”. »
Je t’invite, à ce moment-là, à écouter la chanson “Me gustas Tu” de Manu Chao (c’est ici) et à danser et te concentrant sur tout ce que tu aimes (note que je ne cautionne pas la marijuana !). Les hormones de joie vont monter et le ressenti de joie avec.
* Je m’adresserai dans un prochain article aux 15% pour qui les inquiétudes sont devenues réalité.