Je n’ai eu de cesse de le répéter mais il n’y a pas de formule toute faite pour avoir un couple en bonne santé surtout suite à ce traumatisme qu’est cette porte qui s’ouvre avec fracas sur le monde de l’aidance. Il nous faut nous laisser du temps, progresser pas à pas sur ce chemin de la résilience, apprendre à découvrir notre conjoint comme un coéquipier qui doit, lui aussi, digérer cette étape.
C’est fou comme notre cerveau a une capacité d’adaptation sans commune mesure, j’en suis si souvent bluffée ! Cette parentalité différente, loin de cet idéal que je m’étais forgée, m’a poussée dans mes retranchements, m’a appris à me découvrir, à être attentive, à développer de nouvelles façons de vivre, de penser, et de m’adapter à ma tribu. Je suis certaine que c’est aussi ton cas si tu y regardes d’un peu plus près.
Et pour cela, il faut du temps et il nous faut aussi se laisser de l’espace, pour embrasser ce processus. Une des choses les plus difficiles à mettre en pratique mais qui renfermait en elle une puissance salvatrice tant pour ma santé mentale que pour mon couple a été cette petite clé : la bienveillance.
Avoir une attitude pleine de clémence et de bienveillance
Quoi, une attitude pleine de clémence et de bienveillance ? Oui, oui ! Envers nous-mêmes tout d’abord… Dis-moi, chère Fabuleuse, est-ce que tu parlerais à ton amie comme tu te parles à toi-même ? Serais-tu si souvent critique envers elle, ne tolérant aucun de ses faux pas ? Je suis sûre que, comme moi, tu es souvent très voire même trop dure avec toi, voulant être à nouveau debout en une nuit, alors que tu viens de te ramasser la plus grosse gamelle de ta vie.
Laisse-toi du temps ! Sois bienveillante envers toi. Parfois tu arriveras à gérer cette douleur et parfois tu n’y arriveras pas du tout. Et c’est OK… Tout cela fait partie du processus.
Enfin, sois bienveillante et clémente envers ton Fabuleux et vice-versa.
« Parce que le chaos dans lequel tu évolues, il y est aussi, Brunella, ne l’oublie pas. » Aïe! Je me rappellerai toujours de cette fois où l’une de mes amies m’a dit cela. Je me suis prise une véritable claque en le réalisant ! Mon syndrome de nombrilisme aigu du moment a été anesthésié par cet électrochoc. Sous ce prisme, j’avoue que ça m’aide désormais à être plus tempérée, patiente et à mieux gérer mes propres émotions. Le simple fait de se dire que l’autre souffre également, ça amène une autre perspective tu ne trouves pas ?
Être vulnérable l’un face à l’autre
Lorsque l’idéal se brise, lorsque nous passons au travers de tous ces petits deuils qui nous laissent plus vidés les uns que les autres, voir son conjoint comme un coéquipier est donc une étape importante.
Marcher sur cette route et pousser la porte où nous découvrons cette sphère de l’aidance nous fragilise, il est vrai. J’ai essayé tant de fois de mettre un sourire sur mon visage, de relever la tête et de contenir, de cacher cette douleur si profonde. Hélas, ce chaos mental était en moi comme une cocotte minute prête à exploser (la pression veut et va sortir par n’importe quel moyen ! Mais ça, je l’ai découvert, malgré moi). Comme je te le disais, c’est souvent vers notre conjoint que les foudres sont dirigées, prêtes à être lancées ! Et j’avoue qu’elles ratent rarement leur cible, n’est-ce pas ?
La bonne nouvelle c’est que, dans les larmes, au milieu des disputes qui me laissaient petit à petit de plus en plus drainée mentalement, émotionnellement et physiquement, j’ai appris et décidé de quelle façon j’allais évacuer cette pression, choisissant ainsi de ne plus la laisser nous consumer et détruire de façon insidieuse notre relation.
Il nous a donc fallu, mon Fabuleux et moi, faire ce choix courageux d’être vulnérables, d’exposer nos peurs, notre douleur, nos faiblesses l’un à l’autre.
Imagine la situation de crise :
tu es en pleine guerre, blessée et en état d’hyper-vigilance et il te faut en plus aller déposer les armes devant l’autre soldat (aussi blessé que toi soit dit en passant) qui pourrait malencontreusement trébucher, se prendre les pieds dans son arme et ainsi te mettre un mauvais coup, te laissant encore plus estropiée…
Eh bien oui, c’est exactement ça : une énorme prise de risque, et ce n’est pas l’exercice le plus simple à pratiquer, je l’avoue.
Digérer la douleur avec lui, ne plus le voir comme cette étincelle qui met le feu aux poudres, lui partager mes émotions, mes besoins, mes peurs, écouter et recevoir les siennes a été notre apprentissage à tous les deux. Voir mon conjoint de façon plus compatissante et compréhensive m’a aidée à désamorcer les situations potentiellement explosives. Et je le répète, on n’y arrive pas encore à tous les coups !
Evidemment, ça a été une énorme prise de risque mais ô combien les bénéfices retirés en sont précieux et constructifs ! Ça a été inconfortable — et ça l’est encore parfois — mais peu à peu, cette mise à nu nous conduit à fortifier notre relation, nous rendant à chaque fois un peu plus intimes émotionnellement.
J’espère de tout cœur que ces quelques petites clés partagées au fil de mes derniers articles autour du couple (ici et ici) sauront t’encourager et t’aider à comprendre que la douleur fait partie du processus et que chacun l’embrasse à sa façon, faisant du mieux qu’il peut avec le peu qu’il a.
Nos conjoints et nous, nous jouons dans la même équipe,
nous marchons sur cette même route, avec les mêmes ombres au tableau et pas à pas, nous pouvons y arriver car le traumatisme ne définit pas qui nous sommes !
Nos vies sont différentes mais elles sont belles et toi, Fabuleuse tu es, Fabuleuse tu resteras.