Depuis ses 18 ans, le marathonien hémiplégique Grégory Mouyen court pour sensibiliser à l’inclusion. Après avoir rallié l’Elysée depuis Bordeaux pour défendre l’emploi des personnes handicapées, le sportif rêve de mettre en lumière le rôle des aidants.
5233 kilomètres. Telle est la distance parcourue par Grégory Mouyen depuis ses débuts comme marathonien. De l’Ultra trail du Laos au Marathon des Sables au Maroc, ce bordelais atteint d’hémiplégie a participé aux courses les plus incontournables de la planète et vu défiler les plus beaux paysages qui soient.
« Je ne suis pas un sportif de haut niveau. Je fais du sport pour promouvoir le handicap. C’est mon combat de vie », résume-t-il sans détour.
Chacun de ses défis est en effet une occasion d’accroître la visibilité des personnes handicapées et de récolter des fonds pour des associations.
Pour sa dernière course réalisée en novembre 2021, l’homme de 39 ans a choisi de rester en France. Parti de Bordeaux le 14 novembre dernier, il est arrivé aux portes de l’Elysée le 27 et a été accueilli par Sophie Cluzel, encore Secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, dont il est alors l’ambassadeur en Gironde. Au gré de ses étapes, il a rencontré une quinzaine de maires avec qui il a évoqué la place des personnes handicapées dans le monde professionnel. Des échanges fructueux qui lui ont permis de constituer un solide dossier qu’il a remis au gouvernement.
Un Forrest Gump à la française
Lors de ses courses, Grégory est systématiquement suivi par une équipe qui surveille sa santé. En raison de ses fréquentes crises épileptiques, il a cette fois-ci été contraint de réaliser les 600 kilomètres qui séparent Bordeaux de la capitale en marchant. « Parfois, je faisais trois quatre crises d’épilepsie par jour, sans parler de la nuit », explique-t-il. Ce coup dur est cependant loin de le décourager. Les nombreux soutiens et sponsors dont il bénéficie lui donnent des ailes. Jamais il n’a pensé à arrêter. De petites villes en communes, Grégory est accueilli par des inconnus ou amis. Inspirées par son histoire, certaines écoles maternelles en profitent pour sensibiliser les enfants au handicap à travers des ateliers en amont de sa venue.
« J’adore Forrest Gump. Il m’a beaucoup inspiré pour ce défi car, bien souvent, quand j’arrivais quelque part, de nombreux enfants couraient derrière moi », sourit Grégory en s’amusant de cette référence cinématographique.
Le soutien indéfectible de ses proches
Si certains de ses amis regardent avec inquiétude ses exploits sportifs, Grégory Mouyen assure que cette course est loin d’être la dernière.
« Je vais continuer à réaliser des défis pour le handicap, c’est certain. On m’a tellement aidé quand j’étais petit, que ce soient les professeurs ou ma famille, que je dois rendre l’ascenseur ».
Aujourd’hui télé-conseiller dans une entreprise adaptée, il peut notamment compter sur le soutien sans faille de son employeur qui l’encourage à déployer son énergie pour la cause du handicap.
Le sportif a été également particulièrement entouré par ses parents et ses frères et sœurs.
« Depuis tout petit, ma famille m’aide. Ma mère a arrêté de travailler pour s’occuper de moi. Dans les années 80, il n’y avait pas trop d’AVS… J’avais besoin d’aide pour tout, vraiment tout. Et j’en ai toujours besoin, appuie-t-il. Je n’aurais pas pu faire ce que je fais aujourd’hui sans mes proches. »
Conscient de l’importance qu’ont joué dans sa vie ceux qu’on appelle désormais les aidants, le sportif voudrait les mettre en lumière à travers un nouveau défi. Lorsque la crise sanitaire sera terminée, il aimerait courir au cœur de Bordeaux au profit d’associations en lien avec les aidants. La reconnaissance dont bénéficient les accompagnants en France est à ses yeux largement insuffisante.
Privé de ses droits en raison de ses performances
Avant de s’atteler à ce nouveau combat, il lui reste toutefois une “guerre” urgente à gagner : celle contre la MDPH. En raison de sa popularité et de ses performances médiatisées, Grégory s’est vu retirer son statut de personne handicapée. « Pour eux, je suis valide », explique-t-il en ne cachant pas son agacement. Quiconque croise le jeune homme dans la rue ne peut pourtant nier ses difficultés à se déplacer. En raison d’un AVC à la naissance, il est en partie paralysé, boîte de façon très visible et a quelques difficultés d’élocution. Sans parler de ses crises épileptiques qui ne préviennent pas… À peine rentré à Bordeaux après sa course, il s’est ouvert la tête après une crise. Engagé dans une bataille juridique pour récupérer son statut, Grégory compte bien arriver à ses fins et prouver qu’handicap et performance ne sont pas incompatibles.