Enfants extraordinaires

De l’ombre à la lumière

Une Fabuleuse aidante 20 juin 2022
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…ou le jour où j’ai exposé ma plus grande vulnérabilité.

Nous sommes en mai 2018. Moi, la maman menant de front carrière et vie de famille, la femme avec une vie bien remplie, l’amie toujours présente, je m’apprête à vivre un tsunami — sans m’en douter une seule seconde.

Mon petit deuxième a pointé le bout de son nez, avec beaucoup de bonheur mais pas que.

Comme beaucoup de mamans, je n’étais pas préparée à l’accouchement difficile, à la maladie, et à tout ce que ça implique, tant d’un point de vue médical que relationnel. 

Quelques rares personnes — la famille, mes amis de longue date, mon patron — étaient au courant. Je gardais tout ça comme un secret, je séparais ma vie professionnelle et ma vie personnelle, par besoin de protection, de moi-même et de ma famille. Et par facilité aussi : c’est tellement dur de parler de la maladie, surtout quand la vie a été si simple pendant des années.

Mais un jour, je n’ai plus le choix : 

Mon petit bout doit subir une opération qui nécessite que je reste auprès de lui pendant 3 mois. Après un échange avec le DRH de mon service, la solution est de faire appel aux dons de RTT et de congés payés.

Le rêve : j’ai une solution pour être avec mon fils, autant vous dire que je suis heureuse !

Le cauchemar : j’allais devoir “rendre publique” notre situation de famille, mes difficultés de maman, et surtout la maladie de mon fils.

Montrer à tout le monde ce que je considérais à l’époque comme une faiblesse, une faille, mon talon d’Achille. Sans oublier que parler de la maladie…

… c’est rendre encore plus concrète cette réalité que j’avais déjà beaucoup de mal à accepter. 

Le DRH envoie donc LE mail expliquant la situation, avec mes nom et prénom à l’appui. Je travaille dans une grande entreprise… autant vous dire que c’était le monde entier pour moi. 

Je me souviens très bien de cet après-midi de janvier 2020 :

J’étais restée chez moi, par peur de croiser les regards, de devoir répondre aux questions, de me laisser dépasser par la situation et surtout par mes émotions. Le doute, la peur, l’angoisse, le stress, et même — je n’en suis pas fière — la honte… car à l’époque, j’avais encore beaucoup de mal à accepter que mon fils soit différent, et l’inconnu de la vie qui nous attendait me terrifiait.

Ce jour-là, j’ai découvert ce qu’était la solidarité, la vraie, celle qui n’attend rien en retour.

Un véritable élan de dizaines de collègues, certains que je connaissais, d’autres non. C’était tellement inattendu et inespéré, j’ai été littéralement submergée par mes émotions ! Beaucoup de larmes ont coulé, mais c’était des larmes de bonheur et de soulagement.

Et ça, je ne m’y attendais pas.

  • Là où je craignais la pitié, j’ai trouvé la compassion et la délicatesse

  • Là où j’avais peur des jugements, j’ai trouvé un soutien empreint de sensibilité.

  • Là où je cherchais si farouchement l’isolement, j’ai trouvé le partage et la solidarité.

Une main sur l’épaule me disant « on est là pour toi, on va faire ce qu’il faut »

Je suis passée de l’ombre à la lumière en révélant notre situation.

Je me suis aussi révélée à moi-même…

J’ai cassé cette carapace formée par la croyance qu’il faut être forte en toute situation, ce qui m’a certes aidée à passer certains caps, mais qui m’a aussi retranchée dans la solitude. 

Je suis fière de dire qu’aujourd’hui, j’accepte cette vulnérabilité. Même si elle me gêne encore parfois — certains changements prennent du temps — je n’en ai plus honte.

Si j’ai les yeux qui brillent en parlant de mon fabuleux fiston, c’est comme ça : je suis moi. Je n’évite plus les questions, je réponds avec entrain quand on me demande de ses nouvelles, et je partage volontiers mon expérience avec ceux et celles qui ont à leur tour besoin de soutien.

Cette vulnérabilité, j’en ai aussi fait une force.

J’ai vécu (et vivrai encore) des moments difficiles, et je suis toujours debout. Je m’organise, je m’adapte, je prends du recul… pas tout le temps bien sûr, mais beaucoup mieux qu’avant. Serais-je devenue qui je suis aujourd’hui sans mon fils et sa singularité ? Très clairement : non. 

Voilà ce que m’a apporté ce passage de l’ombre à la lumière. J’ai appris à parler de mon fils avant de parler de la maladie. Je me suis rappelée que je suis une maman avant d’être une aidante. Rester seule, c’est se perdre ; l’être humain n’est pas fait pour être seul ! Et surtout : croyez en vous, vous êtes Fabuleuses !

Ce texte nous a été transmis par une Fabuleuse aidante, Audrey Malafosse



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