Enfants extraordinaires

Apprendre à vivre avec les failles

Brunella Maillot 26 février 2024
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Au moment où je t’écris ces lignes, je sors d’une tempête, que dis-je, d’un gouffre émotionnel. Nous nous sommes promis d’être vulnérables chez les Fabuleuses, n’est-ce pas ? Voici donc ce moment où je sors de l’arène, vidée, sonnée et encore le cœur bleu… 

Tout juste revenus de quelques jours de vacances bien mérités, nos poussins ont attrapé un petit virus. Ce qui peut paraître pour certains anodin ne l’est pas chez nous. Immédiatement, nous sortons l’oxymètre pour contrôler le taux d’oxygène dans le sang, nous mouchons régulièrement et nous devons les stimuler pour les aider à tousser.

Ce n’est pas une mince affaire, je l’avoue.

Puis, passage obligatoire chez notre médecin pour vérifier l’état des poumons.
Le diagnostic est posé et nous voilà de retour chez nous avec quelques jours d’antibiotique et des séances de kinésithérapie. On a l’habitude… Sauf que cette fois, rien ne se déroule comme prévu ! 

Notre petite Lou a fait un choc allergique à l’antibiotique, avec baisse d’oxygène brutale et tout le toutim… Nous étions alors en train de vivre un chouette moment de bonheur devant le magasin de jouets du coin. Le monde tremble, nos cœurs se serrent et nous croyons sur le moment que nous allons la perdre. Nous arrivons à l’hôpital, direction la salle de déchocage. Le mot qui tient ton cœur en effroi.

Nous paniquons. 

Nous ne sommes pas des warriors, nous avons nos failles et cet épisode sorti de nulle part vient nous bouleverser, une fois de plus. Cette phrase d’Hélène Bonhomme résonnait en moi durant la tempête : « Notre foyer est une équation à mille inconnues, où s’affrontent la logistique familiale, l’inquiétude, la joie, l’envie et tous les autres points d’interrogation concentrés dans les méandres d’un coeur de femme qui est aussi maman… »

J’avais alors tout bon ! Les 1000 inconnues, l’inquiétude, la logistique qui s’affrontent, les méandres et ce coeur de femme/maman en miettes et meurtri… 

Chère Fabuleuse,

Sois rassurée avant de continuer ta lecture. Nous avons retrouvé notre équilibre ces derniers jours. Un équilibre fragile, certes, mais les repères sereins sont à nouveau là, même si les larmes roulent toujours sur les joues. 

L’étagère de nos vies pourrait, à toutes, contenir ce livre qui a pour titre Apprendre à vivre avec les failles. Car notre quotidien pourrait être comparé à celui de familles qui vivent sur des mouvements de plaques tectoniques dans certains pays. Nous avons beau connaître un tas d’informations pertinentes, sur le moment, on se rappelle que nous ne sommes jamais vraiment prêts.

Oui, notre monde ces derniers jours a subi une secousse sismique. Et je suis certaine que tu comprends bien ce terme, toi aussi.

Cette secousse qui fait que nos petits cœurs d’aidantes se serrent, et la respiration, elle, se met en suspens.

Oui, nos cœurs de parents sont heurtés, les larmes glissent sur les joues une fois la pression redescendue. La vulnérabilité fait du bien parce que la résilience passe aussi par là… Je pense à toi, à toutes les autres qui elles aussi vivent sur ces zones sismiques et je te serre tout contre mon cœur en écrivant ces quelques lignes. 

Il paraît que le monde qui nous entoure nous trouve courageux, lui qui ne voit qu’à peine les combats menés une fois les portes fermées… Nous, qui une fois la vague passée, nous relevons et avançons le cœur ramené à l’essentiel, si reconnaissantes pour le peu que nous avons.

Nous nous sommes questionnés, avec mon Fabuleux, sur comment faisaient les personnes qui habitaient en zone sismique. Une des clés de leur survie c’est d’agir sur le bâti. Alors je peux être reconnaissante pour cela, dans ces moments où j’ai l’impression que rien ne va : le bâti solide de notre foyer, de mes relations, construit sur ce terrain si particulier, permet d’être un refuge dans ce genre de secousses.

Je suis convaincue que ça vaut la peine de parler de l’importance de prendre soin de soi, de travailler à remplir son réservoir émotionnel, de capitaliser ces moments de bonheur. Ainsi, on affronte ce genre de moments rudes certainement un peu mieux, je le crois.

Je me suis répété tant de fois durant ces derniers jours : « Je n’ai pas su ». Et cela a rajouté une telle pression sur ma douleur. 

Non, je n’ai pas su ne pas répandre mon inquiétude sur notre petit bonhomme de 4 ans qui est venu me rassurer en me disant « Ça va aller maman, ne pleure pas ».

Non, je n’ai pas su dire bonjour à ce groupe de personnes que j’ai fui car je savais très bien qu’une fois qu’ils me demanderaient comment j’allais, je me serai effondrée.

Non, je n’ai pas su stopper les 1001 scénarios catastrophes dans ma tête. 

Non. Parce que tu sais quoi, chère Fabuleuse ? On ne sait pas toujours ! 

Et c’est bien là que réside la force de la vulnérabilité. 

Comme dit Brené Brown : « Ressentir, c’est être vulnérable. Croire que la vulnérabilité équivaut à de la faiblesse, c’est croire que le sentiment est une faiblesse. »

Le jour où cet incident s’est déroulé, Anna annonçait mon arrivée sur le Salon des Fabuleuses aidantes, pour animer ce groupe privé qui vous est proposé en rejoignant la communauté. Et je me rappelle lui avoir dit, en pleine tempête, quelque chose du genre : « Si mes larmes peuvent servir à apaiser et réconforter d’autres, alors elles ne sont pas vaines… »

Au delà de tous mes « je n’ai pas su », voici ce que j’ai appris : 

  • J’ai appris à rester moi et à être authentique
  • J’ai appris à accepter le fait que je ressentais ces émotions chaotiques.
  • J’ai appris à ne pas les réprimer et à ne pas me sentir coupable pour cela. 
  • J’ai appris que ces émotions passeront car elles ne me définissent pas.
  • J’ai appris à me fairele cadeau de la compassion.
  • J’ai appris à être ma meilleure amie.

Notre tribu est à nouveau réunie.

Je suis, une fois de plus, profondément reconnaissante pour l’équipe hors pair à nos côtés, pour nos trésors qui nous apprennent tant. On récupère désormais.

« Nous façonnons l’amour à partir du chagrin. La compassion à partir de la honte. La grâce à partir de la déception. Le courage à partir de l’échec. La visibilité est notre force. L’histoire est notre foyer. La vérité est notre chant. Nous sommes les braves au cœur brisé. Nous nous relevons avec détermination. » Brené Brown

Ça ira mieux très bientôt… Je t’embrasse, toi qui, comme nous, vit sur ces failles.



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Cet article a été écrit par :
Brunella Maillot

Thérapeute familiale et conjugale, je suis maman de trois enfants, dont un en bas âge et deux qui sont polyhandicapés. Mon quotidien est donc rythmé par une cadence intense : jongler entre école à la maison pour mon benjamin, prise en charge thérapeutique et dépendance totale de mes aînés pour les actes de leur vie quotidienne. 

La gratitude est pour moi une valeur à chérir profondément et c’est sous ce prisme que j’ai choisi de partager sur les réseaux les chroniques de ma vie de tribu, sans fards et de la façon la plus authentique et vulnérable qu’il soit.

J’accompagne, avec mon Fabuleux, des aidants familiaux dans le cadre de coaching personnalisé mais également d’ateliers de sensibilisation au sein d’institutions. 

Ma page perso : https://www.facebook.com/notredoucetribu/ - https://www.instagram.com/notredoucetribu/

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