Il y a quelques jours, c’était la fête des mères.
Ce moment a été rempli de joie pour certaines d’entre nous, triste pour d’autres, mais doux-amer pour nombre d’entre nous.
Chère Fabuleuse, comment as-tu vécu cela ?
Qu’on se le dise : ce jour n’est pas forcément synonyme de célébration pour toutes. Certaines sont aidantes de leur maman, d’autres ont, comme moi, une maternité pas comme les autres. Et en écrivant ce texte, je ne peux m’empêcher d’avoir le cœur ému en pensant à ces Fabuleuses pour qui la fête des mères est à jamais un déchirement loin de leur trésor.
L’idéal de cette fête des mères s’est brisé pour nous toutes… Nous n’aurons jamais, pour certaines, ce fameux collier de nouilles tant adulé par nos copines ! Pour certaines d’entre nous, il s’agit de gérer la douleur qu’a apporté ce jour de fête qui n’en était pas forcément un, à vrai dire.
Nous pouvons constater que ce moment s’accompagne de nombreuses pensées telles que « ça aurait dû », « on aurait pu »… Et nous voilà, après avoir traversé ce jour pas comme les autres, à ruminer nos pensées douloureuses et à traîner ce poids sur nos cœurs.
Je sais que tu comprends
Chère Fabuleuse, j’aimerais te dire que je t’envoie tout plein de douces pensées et te serre contre mon cœur. Je comprends ce poids de la tristesse, ces « ça aurait dû », cette gratitude d’avoir notre aidé à nos côtés en même temps que la différence nous revient encore en pleine figure, tel un boomerang.
Nous avons appris à célébrer toutes les petites victoires, toutes ces petites joies qui sont les nôtres et nous avons appris à pleurer tous ces regrets, à laisser aller sur ce fleuve de notre vie les idéaux fragiles qui se sont brisés.
Aujourd’hui, je n’ai aucune astuce à te donner.
J’avais simplement envie de te rappeler à quel point tu es fabuleuse, j’aimerais te célébrer, toi, cette maman pas comme les autres, toi cette “fille” pas comme les autres, en couchant sur le papier ces quelques mots qui résonnent en mon cœur, comme un poème que tu aurais souhaité recevoir en ce jour spécial :
Nous ne serons plus jamais les mêmes.
Ce virage à 360 degrés nous a tant bousculé.
Certaines d’entres nous avons espéré ces premières fois,
Ces premières fois qu’on attend avec tant d’impatience en tant que maman et qui ne sont jamais arrivées.
D’autres ont cru aux “encore une fois” et les ont vu s’envoler…
Mais nous avons appris à apprécier chaque progrès, créant ainsi ces moments bien à nous ;
Nous avons appris à récupérer les morceaux de nos coeurs en miettes, pour les garder tout contre nous et continuer d’avancer ;
Nos joues sont devenues des terres fertiles, arrosées par les larmes de nos âmes meurtries.
Ces petites gouttes d’eau qui coulent parfois en douceur ou qui nous surprennent par leur arrivée soudaine.
Ces petites gouttes d’eau qui nous laissent empreintes de ce sentiment d’être différentes.
Puis, un mot, une situation et voilà la digue qui se brise.
Nous luttons tant de fois contre la peur, les regrets, la colère, l’incompréhension, le rejet,
Et les fameux « pourquoi ».
Ce sont eux qui nous assènent, dans cette arène, les coups les plus violents.
Pourtant, pas à pas, ils s’effacent, quand nos cœurs braves se tiennent robustes et tenaces.
Soudain arrivent les « je comprends » au détour d’une conversation, les petites marques d’affection.
Nous voilà à réaliser que nous ne sommes ni seules ni isolées.
Oh oui, nous sommes de celles qui nous extasions devant les petits progrès, fascinées devant la nature qui se dévoile, frêle et belle, nous rappelant que nos vies sont un peu ainsi.
Nous avons découvert qu’il y a de la puissance dans la simplicité,
De la force dans la douceur.
La résilience devient un de nos pilliers
Nous avons appris que nous ne pourrons jamais arrêter cette force en nous qui souffle à gonfler nos voiles sur les plus grandes tempêtes de nos vies.
Et puis, nous voilà, tenant la barre, contre vents et marées, le regard fixé sur l’horizon.
Ne surtout pas regarder les flots, au risque de s’y noyer.
Nous choisissons alors de garder la tête haute, les cheveux en désordre, le cœur gonflé de tant de sentiments contradictoires, les yeux en avant.
Oui, parfois, nous vacillons, nous flanchons, nous nous sentons si fragiles.
Mais nous savons bien au fond de nous que nous nous lèverons à nouveau.
Il ne peut en être autrement. L’amour nous pousse, force infaillible, tangible.
Nous sommes des puits de persévérance, notre fragilité devenant notre force.
Nos peines cesseront-elles un jour ? Je crois qu’elles peuvent guérir. Certaines cicatrices se ravivent parfois, au gré des aléas.
Celles-ci nous rappellent le chemin parcouru, les coups de poings reçus.
Ces coups qui nous ont laissé des cicatrices nous ont parfois sonné.
En empruntant un chemin différent, nous en avons évité d’autres.
Au fond, n’est-ce pas là notre secret ?
Ce chemin qui n’était pas désiré mais que nos pieds continuent de fouler.
Nous trouvons dans la gratitude une alliée fidèle et nous avons appris à apprécier les petites choses essentielles.
Ces rires partagés, ces petits progrès, ces défis relevés, ces silences apaisants et ces instants présents.
Et puis, il y a eux, nos trésors, ces êtres aidés, fragiles et si forts ;
Leurs regards profonds, perdus parfois je ne sais où, leurs « merci » inaudibles, leurs « je t’aime » transpirés qui nous rappellent notre « pourquoi », leurs ressentis indicibles.
Aidantes, aimantes et présentes, c’est l’histoire de nos vies ;
Peut-être pas celle que nous aurions choisie mais où la tendresse est infinie.
Alors à toi, chère Fabuleuse, je tenais à dédier cet hommage sincère,
Juste après cette fête certainement douce-amère.
Nos yeux ne voient pas comme les autres voient car
Notre vie est différente et belle à la fois.
Bien à toi,
Brunella