Enfants extraordinaires

6 conseils pour rédiger ton mode d’emploi 

Brunella Maillot 9 septembre 2024
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Chère Fabuleuse, lorsque tu as franchi le seuil de cet univers de l’aidance, tu as dû certainement, comme moi, te demander comment trouver le mode d’emploi. Mais la réalité est là : il n’y a pas de formule toute faite, pas de mode d’emploi, et aucune formation ne nous prépare à ce qui nous attend. Et pourtant, on en aurait bien besoin, n’est-ce pas ? 

On apprend, pas à pas, “sur le tas” comme on dit.

Et ce travail exige énormément de nous : de l’abnégation, du courage, de la maîtrise de soi, de la vulnérabilité, de la force, de la témérité et j’en passe !

Nous poussons la porte et apercevons au loin des multitudes de montagnes russes, bien loin d’imaginer à cet instant que nous nous embarquons dans ce voyage qui va nous retourner la tête, nous donner des papillons dans le ventre, nous faire pleurer et en même temps des petits bonheurs qui vont nous gonfler le coeur.

Chère Fabuleuse, te rappelles-tu de ce moment où tu as franchi ce seuil ? Au travers de ces quelques lignes, j’aimerais t’encourager, car il n’y a pas de mode d’emploi ! Sinon, le best seller aurait déjà été édité et ferait un carton dans toutes les plus belles librairies du coin. 

Voici quelques petites clés que j’ai découvertes au fil de mon parcours… Et je continue à en glaner tout au long du chemin car on apprend tous les jours : 

#1 Tu auras ton propre parcours

Je t’en prie, ne te compare pas… Cette aidante n’est pas meilleure que toi, elle fait du mieux qu’elle peut, elle aussi. Certaines inspirent les autres, d’autres sont brisées et ont besoin d’être inspirées, à leur tour. Leur aidé n’est pas le tien et vice versa. 

Dans ce quotidien pas comme les autres, soyons des sources de bienveillance et d’encouragement. Chacune de nous avance sur cette route avec ses chaussures. Cela me rappelle ce proverbe qui dit : « Tu ne peux juger quelqu’un si tu n’as pas marché dans ses chaussures… »

Tu ne sais pas si ses pieds sont blessés ou s’ils sont forts. Regarde tes pieds à toi, évite les petits cailloux, et fais un pas après l’autre. Tu seras si fière en te retournant… C’est ta route ! Tu apprendras, tu feras tes armes, tu verseras des larmes mais toi seule sait où poser les pieds.

#2 Sois vulnérable 

Tu auras besoin d’autres mains pour te soutenir lorsque les tiennes ne seront pas suffisantes. Il y a des personnes de ton entourage qui amèneront de jolies couleurs sur le tableau de ta vie, à condition que tu leur expliques comment manier le pinceau ! Il faut tout un village pour élever un enfant et ô combien je crois qu’il faut plus qu’un village dans notre vie d’aidantes… Oui, admettre que nous avons besoin d’aide est un sentiment vulnérable et nous avons tendance à protéger les endroits vulnérables de nos vies, nous n’aimons pas exposer nos besoins. Nous pensons qu’avoir besoin d’aide est synonyme de faiblesse. Et pourtant… J’aimerais te rappeler cette phrase de Brené Brown que nous répétons souvent : « De toutes les choses que le traumatisme éloigne de nous, le pire est notre désir ou même notre capacité à être vulnérable. Or, la vulnérabilité est le lieu de naissance, de la joie, du courage, de l’empathie, de la responsabilité et de l’authenticité » N’hésite pas à demander de l’aide autour de toi, que ce soit auprès de professionnels mais aussi de ton cercle amical et familial.

#3 Sois authentique 

Pour reprendre un proverbe bien connu : « Sois toi, toutes les autres sont déjà prises ! » Le burn-out arrive lorsque tu t’es empêchée, pendant trop longtemps, d’être humaine. Et ma chère Fabuleuse, tu le sais, nous avançons à 100 à l’heure, en essayant de jongler avec les besoins de tous et en portant souvent un masque pour “paraître” fortes et efficaces. Sois toi-même ! Être authentique t’enlèvera une pression énorme et va diminuer ta charge mentale car tu n’auras pas à redoubler d’énergie pour répondre aux attentes des autres ou masquer qui tu es vraiment. Tu as envie de pleurer, pleure ! Tu es fatiguée, repose-toi. Tu as besoin d’aide, demande-la…

#4 Sois bienveillante envers toi

« Je ne suis pas assez… », « J’aurai dû… » : nous voilà assaillies de pensées plus toxiques les unes que les autres. Chère Fabuleuse, rappelle-toi que ce que tu vis est difficile, que ce n’est pas la “normalité”. Tu as le droit de craquer, tu as le droit de dire que ce n’est pas simple. En réalité, plein d’autres personnes sur terre ressentiraient cela à ta place, penses-y. Ne sois pas trop dure avec toi, deviens ta meilleure amie ! L’estime de soi est la façon dont nous nous percevons et la valeur que nous nous accordons. Fais toi confiance, encourage-toi. Tu n’es pas qu’une aidante, tu es bien plus que ça. Tu es sa maman, son épouse, sa sœur, sa fille, sa nièce, sa petite-fille, tu es précieuse, tu as de la valeur et ce que tu es, à ses côtés, n’a tout simplement pas de prix.

#5 Aime à l’infini

J’aime tellement cette citation : « Love never fails », en français, « L’amour n’échoue jamais ». Cette phrase me rassure tant de fois lorsque je dois faire des choix pour la prise en charge de mes aidés que j’appelle mes “aimés”. Savoir que c’est mon amour pour eux qui dicte ce choix m’aide à le faire avec assurance. 

Ici, je pense particulièrement aux aidantes qui ont du mal parce que leur bébé pleure pour la prise des médicaments, à ceux qui doivent contenir leur enfant sous peine de les voir s’auto-mutiler… Aime à l’infini parce que l’amour n’échoue jamais. Regarde ses yeux. Peut-être que ton aidé ne parle pas/plus, mais s’il pouvait parler, que te dirait-il ? Un immense MERCI d’être là et de l’aimer inlassablement.

#6 Découvre les petits trésors cachés dans les coins sombres du tableau

Oui, ce n’est pas un exercice facile. Mais ne sommes-nous pas celles qui ont appris à pleurer devant les petites victoires ? Tu sais, ces choses considérées comme “normales” ou qui paraissent insignifiantes à d’autres ? Ne sommes-nous pas celles qui apprécient les petits détails, ceux que personne ne décèle ?

Nous avons appris à nous réjouir de peu, à capitaliser les instants de bonheur, à créer des relations sincères et vraies avec la kiné du coin, à devenir les meilleures avocates, les plus grandes diplomates, les puits de patience sans fond et tout cela se transmet sur le tableau de nos vies. Oui, notre sac est rempli de petites pépites glanées ici et là sur ce parcours pas toujours bien éclairé… 

Alors effectivement, chère Fabuleuse, il n’y pas de mode d’emploi.

Tu le découvres pas à pas. Je t’invite à toujours faire du mieux que tu peux avec le peu que tu as. 

Prends le temps aujourd’hui de regarder ta vie, tout ce chemin parcouru, ce mode d’emploi que tu vas rédiger à ta manière, celle qui te semble la meilleure pour toi et ta tribu. 

S’il y avait un mode d’emploi déjà prêt, je crois bien qu’il n’aurait été le meilleur ni pour toi ni pour ton aidé. Parce qu’au fond, tu es celle qui sait le plus ce dont il a besoin… 

Rappelle-toi : l’amour n’échoue jamais.



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Cet article a été écrit par :
Brunella Maillot

Thérapeute familiale et conjugale, je suis maman de trois enfants, dont un en bas âge et deux qui sont polyhandicapés. Mon quotidien est donc rythmé par une cadence intense : jongler entre école à la maison pour mon benjamin, prise en charge thérapeutique et dépendance totale de mes aînés pour les actes de leur vie quotidienne. 

La gratitude est pour moi une valeur à chérir profondément et c’est sous ce prisme que j’ai choisi de partager sur les réseaux les chroniques de ma vie de tribu, sans fards et de la façon la plus authentique et vulnérable qu’il soit.

J’accompagne, avec mon Fabuleux, des aidants familiaux dans le cadre de coaching personnalisé mais également d’ateliers de sensibilisation au sein d’institutions. 

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