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TDAH et neurodiversité : le problème n’est pas ton enfant

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«Le problème n’est pas ton enfant », cette phrase résonne dans ma tête alors que j’écoute un des derniers épisodes du podcast « ADHD chatter » d’Alex Partridge.

« Le problème n’est pas ton enfant. Le problème est le problème. »

Alex Partridge, lui-même porteur de TDAH et Jessie Hewiston discutent de l’éducation des enfants atteints d’un trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) quand tombe cette phrase qui attire toute mon attention.

Laisse-moi te traduire ce passage de la conversation : 

« S’il y a une situation avec ton enfant qui aboutit à un résultat indésirable, le problème n’est pas ton enfant. Le problème est le problème. Je pense qu’il est important de montrer à ton enfant que tu es dans son équipe. Et s’il y a un problème avec l’école, c’est toi et lui qui chercherez à le résoudre. Ce n’est pas toi et l’école du même côté et ton enfant de l’autre. » Jessie Hewitson

Votre enfant est votre enfant et non pas le problème ! 

Cette phrase est d’une grande intentionnalité : voir son enfant et les situations problématiques mais surtout ne pas voir son enfant comme le problème. C’est un réel changement d’attitude qui est demandé. Montrer à son enfant que nous sommes dans son équipe, à ses côtés. Si un problème se présente, nous pouvons collaborer pour trouver des solutions. 

C’est ce que Jessie Hewitson nous propose : devenir consciemment l’allié de notre enfant pour résoudre les situations problématiques qui se présentent en chemin. Et c’est ce que je trouve tellement enrichissant : on change complètement de perspective. Je ne suis plus face à face en train d’essayer de gagner le prochain set contre mon enfant pendant le match de tennis qu’est le quotidien. Non, je fais équipe avec lui, nous cheminons ensemble, côte à côte, en double, en tentant au mieux de renvoyer les balles que la vie nous envoie. Et bien entendu, parfois on perd, parfois on gagne, mais dans tous les cas, nous ne jouons pas l’un contre l’autre mais l’un avec l’autre. 

Est-ce vraiment possible dans la pratique, au quotidien ? 

Est-ce faisable dans une société qui nous rappelle constamment qu’on doit rentrer dans les cases, marcher au pas, fonctionner dans un système scolaire absolument mal adapté aux besoins, aux forces et aux attributs de nos enfants neurodivergents ?  

Comment faire pour changer ma perspective du « cet enfant est problématique » et vivre l’idée que c’est telle ou telle situation qui est problématique ? Comment cesser de vouloir résoudre le problème qu’est mon enfant pour découvrir comment collaborer avec lui pour arriver à dépasser les situations problématiques ? 

Comme dans un « escape game » du quotidien où le mystère à résoudre n’est pas « comment faire accepter à ma fille de mettre ses chaussures le matin pour partir à l’école ? » mais bien « comment résoudre ensemble la difficulté de la mise des chaussures du matin ? ». C’est un aspect si important dans nos relations avec nos enfants neurodivergents. 

Les «tu dois » sont comme des mines personnelles tout au long de leur journée. 

Un « plus vite », une simple injonction devient un bombardement, l’attente d’un résultat une pression qui ralentit, jusqu’à parfois paralyser tout son système. Alors quand la situation se bloque, quand c’est lui contre moi, quand on n’en peut plus de forcer encore et encore cet enfant (qui lui n’arrive plus à gérer la situation tant les émotions, les attentes, les injonctions l’étouffent) ; il est plus que temps de poser les armes et faire quelques pas en arrières pour réfléchir autrement. « Mon enfant n’est pas le problème ». Ce n’est pas moi et la société contre lui. Le problème est le problème, nous sommes dans l’équipe de l’enfant et nous allons chercher une solution avec lui. 

Comment ? En devenant curieux des tenants et aboutissants de la neurodiversité, en devenant chercheurs de solutions avec cet enfant. En apprenant à comprendre le fonctionnement de son cerveau, ses réactions, ses freins et ses motivateurs. En déchiffrant ce qui l’intéresse, ce qui le handicape, ce qui le fait bouger, le mobilise, en est intéressant pour eux, ce qui fait bouger nos enfants, les mobilisent. En reconnaissant leurs supers pouvoirs cachés ! Soyons curieux et bienveillants, près à toujours nous rappeler que « mon enfant n’est pas le problème ». 

Aidons nos enfants à trouver leurs ressources pour surmonter les situations problématiques. Il y a tant de livres de nos jours, tant de témoignages de personnes vivant avec leur neurodiversité et ayant appris à vivre heureux avec : écoutons, observons, apprenons à apprécier les côtés positifs de la neurodiversité et à compenser, quand il le faut, les difficultés qui en découlent.    

Comme le rappelle Alex Partridge régulièrement dans son podcast, les enfants atteints de TDAH reçoivent une quantité de remarques négatives incomparable aux autres enfants de leur âge. On estime qu’arrivé à l’âge de 10 ans, les enfants atteints de TDAH ont déjà reçu en moyenne 20 000 commentaires négatifs. Bien plus que leurs pairs ! Et ces commentaires sont comme des coups de marteaux qui enfoncent encore plus profondément le clou du « tu es le problème ». Face à cela, Jessie Hewitson nous encourage à parler avec nos enfants de leur neurodiversité, à leur expliquer ce que l’on en sait, à leur présenter d’autres personnes qui fonctionnent comme eux, à chercher des solutions aux problèmes qui se présentent et à leur rappeler au quotidien et dans nos actes « je suis dans ton équipe, on joue ensemble pour gagner ensemble, tu n’es pas le problème, aide-moi à trouver nos solutions ». 

Chère fabuleuse aidante, j’ai vraiment envie de t’encourager à laisser cette phrase infuser jour après jour dans ton quotidien :  « Mon enfant n’est pas le problème. Le problème est le problème. » 

Laisse cette pensée changer ta perception, tes émotions et les actions dans ta vie de maman fabuleuse d’un enfant fabuleux !



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Cet article a été écrit par :
Rebecca Dernelle-Fischer

Psychologue d’origine belge, Rebecca Dernelle-Fischer est installée en Allemagne avec son mari et ses trois filles. Après avoir accompagné de nombreuses personnes handicapées, Rebecca est aujourd’hui la maman adoptive de Pia, une petite fille porteuse de trisomie 21.
https://dernelle-fischer.de/

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