Enfants extraordinaires

S’accepter soi-même

Anna Latron 12 juillet 2021
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L’être humain est imparfait, vulnérable, fragile. Il est aussi résilient, persévérant, magnifique, courageux. C’est ce mélange de caractéristiques, cette cohabitation à l’intérieur de chacun, qui fait de nous des humains complets.

Mais notre éducation, notre société et notre histoire personnelle poussent chacun à désirer n’être que résilient, persévérant, aussi brillant que possible ! Conséquence ? Nous résistons à accepter notre impuissance, notre faiblesse, notre fragilité.

En tant qu’aidantes, nous sommes sans cesse confrontées à ces dimensions de nous-mêmes. Chez nombre d’entre nous, le sentiment d’insuffisance et d’autodépréciation a tôt fait de remonter à la surface : nous nous critiquons, nous nous en voulons de ne pas pouvoir faire plus. Je sais de quoi je parle !

Ce processus d’enfermement, la chercheuse Tara Brach le nomme « transe de la déconsidération ». Chacune de nous tente alors de cacher ses déficiences, ses manques, ses imperfections, se laisse envahier par l’anxiété de ne pas savoir faire assez bien, fuit le sentiment de peur et finit par devenir son critique le plus virulents.

« Je devrais… »

« Il faudrait que… »

« Si seulement j’étais plus… ou moins… »

Pourquoi est-on si dure envers soi ?

Pourquoi tant d’autocritique et d’autodépréciation ? L’une des pistes à explorer est la suivante : durant toute notre enfance, nos parents, proches, enseignants, ainsi que la société, nous donnent des messages que nous intégrons petit à petit et qui déterminent ensuite notre manière d’être. Certains enfants acceptent ces messages plus que d’autres et construisent ensuite leur histoire de vie, leur scénario de vie en fonction de ces messages. Ces messages viennent aussi compliquer notre quotidien difficile d’aidante.

Comme des cailloux sur un chemin déjà escarpé

Il y a plusieurs décennies, Taibi Kahler, un des pionniers de l’analyse transactionnelle, décrivait cinq messages qui conditionnent notre vie et que la plupart des enfants reçoivent durant leur éducation.

1- Sois parfait

« Tu dois être la première en classe »

« Tu dois être la meilleure »

Ainsi, nombre d’entre nous vivent avec une insatisfaction permanente, de l’intolérance envers elles-mêmes et les autres, la peur d’échouer, la crainte du jugement d’autrui.

Vivre notre quotidien d’aidante en se répétant ce message, c’est une cause d’angoisse et de déprime, car être parfaite dans cette situation est juste impossible.

2- Fais plaisir

« Sois gentille »

« Fais-moi plaisir »

« Rends service autour de toi »

Les aidantes qui ont reçu ce message — et elles sont nombreuses ! — auront certes une grande capacité d’écoute, de l’empathie, mais elles auront du mal à reconnaître, à accepter et à honorer leurs limites.

3- Sois forte

« Sois courageuse ! »

« Tu n’as aucune raison d’avoir peur »

« Tu es trop sensible ! »

Celles qui ont reçu ce message ont du mal à entendre leurs émotions, elles ont une intolérance envers la faiblesse, elles délèguent difficilement et éprouvent des difficultés à travailler avec les autres. Bien sûr, en tant qu’aidantes, elles feront preuve de persévérance, mais elles risquent de vivre différents conflits avec d’autres intervenants.

4- Fais des efforts

« On n’a rien sans rien »

« Fais-en plus »

« Rien ne tombe tout cuit du ciel »

Les plaisirs simples échappent aux aidantes qui ont reçu ce message, tout semble compliqué et la fatigue qu’elles ressentent peut être énorme.

5- Dépêche-toi

« Tu traînes, accélère ! »

« Tu vois, on est encore en retard à cause de toi ! »

Pour une aidante, trimballer ce message trop longtemps est dangereux, car elle risque d’être impatiente, de se stresser inutilement et surtout de “bousculer” son proche qu’elle aide, qui doit souvent prendre son temps pour accomplir ses tâches quotidiennes.

Comment modifier ces messages ?

Pour modifier ces messages, on peut déjà se donner des autorisations à soi-même :

  • Tu as le droit de faire des erreurs ;
  • Fais-toi plaisir aussi ;
  • Sois comme tu es ;
  • Prends conscience de tes forces et de tes faiblesses ;
  • N’hésite pas à demander de l’aide ;
  • Fais les choses simplement ;
  • Prends du plaisir ;
  • Prends ton temps ;

Je te laisse compléter la liste !

Mais ce qui est par-dessus tout nécessaire, c’est de changer de regard sur soi-même, c’est d’aller vers une acceptation de soi, c’est développer l’autocompassion. C’est un changement radical. Cela signifie :

  • Cesser de se dévaloriser
  • Cesser de se donner des messages intérieurs négatifs et jugeants
  • Commencer à s’encourager soi-même
  • Commencer à se dire des choses positives et être plus doux avec soi-même

C’est reprendre en main sa vie en décidant de se prendre en considération, en acceptant d’être imparfait, en assumant sa vulnérabilité.

S’accepter soi-même, ça change tout.

Oser s’accepter avec toutes ses caractéristiques, accepter ce que l’on est avec ses forces et ses faiblesses. L’imperfection, d’après Tara Brach, n’est pas notre problème personnel, mais une composante naturelle de l’existence.

Nous avons toutes en nous des désirs et des peurs. Nous agissons toutes inconsciemment. Toutes, nous tombons malades et nous déclinons. Se détendre face à la non-perfection, c’est cesser de perdre un temps et une énergie précieux à vouloir être différente et à craindre de mal faire !

La vraie liberté, c’est d’être sans angoisse face à l’imperfection.

Être sans angoisse devant l’imperfection, devant ses propres limites et défaillances, c’est être capable de “laisser être”, de ne pas se raidir et résister à ce qui se produit, à l’inattendu, aux difficultés nouvelles. C’est un processus intérieur d’acceptation de soi-même, exactement comme on est… ce qui permet d’accepter l’autre comme il est aussi.

Si nous restons dans cette « transe de la déconsidération », nous nous endurcissons contre la vie, contre la souffrance, contre les autres. Au contraire, lorsque nous parvenons à nous accepter vraiment telles que nous sommes, nous pouvons alors mieux discerner la nature de l’expérience qui se présente à nous et l’accueillir avec compassion.

S’accepter totalement ne signifie pas se résigner, ni s’identifier à ses limites, ni être complaisant envers soi-même ou encore passif… C’est plutôt, comme le disait le célèbre psychologue américain Carl Rogers, vivre cet étonnant paradoxe :

« Lorsque je m’accepte simplement tel que je suis, lorsque j’arrive à m’aimer comme je suis, alors je peux chager si je le désire. »

Accepter ses difficultés, sa souffrance, plutôt que les nier, permet d’œuvrer sans amertume ni apitoiemet sur soi-même.

Dans un prochain texte, j’approfondirai la notion d’autocompassion abordée ici.



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Cet article a été écrit par :
Anna Latron

Journaliste de formation, Anna Latron collabore à plusieurs magazines, sites et radios avant de devenir rédactrice en chef du site Fabuleuses au foyer et collaboratrice d’Hélène Bonhomme au sein du programme de formation continue Le Village. Mariée à son Fabuleux depuis 10 ans, elle est la maman de deux garçons dont Alexis, atteint d’un trouble du spectre de l’autisme.

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