Il y a des soirs où tout paraît trop.
Trop de vaisselle, trop de fatigue, trop de « Maman, tu peux venir ? », trop de rendez-vous médicaux, trop de papiers qui s’accumulent sur la table du salon.
Et ces soirs-là, une petite voix se glisse dans la tête : « Tu es toute seule à faire ça. »
C’est une phrase perfide, douce comme un murmure mais lourde comme un rocher. Et pourtant, elle est fausse.
Car aucune aidante ne marche vraiment seule.
Quand j’ai découvert les Fabuleuses Aidantes, j’ai eu la sensation d’entrer dans une pièce où la lumière était déjà allumée. Pas une lumière criarde, non. Une lumière douce, chaude, comme celle d’une lampe allumée au petit matin.
Des femmes y parlaient avec sincérité et sans filtre de leur fatigue, de leurs doutes, de leurs colères, parfois. Et moi, je me suis dit : « Ah, donc c’est normal ! »
C’est ce que raconte aussi Violaine, aidante de son mari atteint d’une maladie neurologique :
« Avant, je pensais qu’il fallait que je sois forte tout le temps. Avec les Fabuleuses, j’ai découvert qu’être forte, c’est aussi pleurer, rire, se plaindre un peu, et recommencer. »
Les Fabuleuses, ce n’est pas une équipe de super-héroïnes en capes violettes.
C’est une communauté visible, une tribu de femmes réelles, souvent en pyjama, parfois en larmes, toujours en train d’aimer. Elles s’envoient des messages, des blagues, des mots d’encouragement. Et dans cette chaîne invisible de solidarité, quelque chose de très simple se tisse : la preuve qu’on n’est pas seules.
On pourrait croire que le monde avance grâce aux grandes inventions, aux discours politiques, aux révolutions. Mais si on y regarde de plus près…
…le monde tient en bonne partie grâce à ces femmes discrètes qui tiennent les autres debout.
Une chaîne de courageuses qui traversent les générations.
Une mère qui veille sur son enfant malade.
Une fille qui accompagne son père vieilli.
Une sœur qui ne lâche pas la main de son frère.
Et toutes, reliées, même sans se connaître.
Fatou, aidante de sa tante, dit :
« Quand je n’en peux plus, je pense à toutes les autres femmes qui font pareil, quelque part. Je me dis qu’on forme une équipe, comme si on se passait le relais. Ça me redonne du souffle. »
C’est ça, la beauté de cette communauté : elle ne se voit pas toujours, mais elle agit.
Comme une nappe souterraine d’eau claire, elle remonte quand la terre craque.
Certaines aidantes disent qu’elles n’ont pas le temps de penser à elles. Qu’elles se sentent coupables dès qu’elles ferment la porte de la salle de bain pour souffler un peu. Mais dans la communauté des Fabuleuses, on apprend qu’il y a un mot magique : ensemble.
Ensemble, on peut rire d’une situation absurde.
Ensemble, on peut dire qu’on en a marre sans se sentir jugée.
Ensemble, on apprend que se reposer, ce n’est pas abandonner : c’est recharger.
Et quand on ferme les yeux le soir, épuisée mais pas seule, on se souvient : quelqu’un, quelque part, pense à nous.
Une autre Fabuleuse, ou peut-être juste la vie elle-même, qui murmure : « Continue, tu n’es pas seule. »
Dans le fond, être aidante, c’est vivre dans le lien.
Lien avec celui ou celle qu’on aide.
Lien avec celles qui vivent la même chose.
C’est une danse fragile entre présence et absence, courage et vulnérabilité, solitude et solidarité. Et dans cette danse, chaque pas compte.
Élodie, aidante de son fils Pierre, raconte :
« J’ai longtemps cru que j’étais enfermée dans ma situation. Mais depuis que je parle avec d’autres Fabuleuses, je vois que je fais partie d’un grand tout. C’est comme si chacune portait un petit morceau de la force des autres. »
Oui, c’est exactement ça.
On se prête nos forces.
On se passe la lumière.
On se partage l’espérance.
Peut-être qu’aujourd’hui, tu es fatiguée.
Peut-être que tu n’as pas envie de lire d’article inspirant, ni d’écouter de podcast, ni même de sourire. Et c’est ok.Mais pendant que tu souffles un peu, souviens-toi : tu fais partie d’une communauté visible — les Fabuleuses, les amies, les sœurs de cœur — et d’une communauté invisible — ceux qui t’aiment, ceux qui te regardent avec douceur depuis le silence.
Tu n’es pas seule.
Jamais.
Et si tu tends un peu l’oreille, peut-être que tu entendras, tout au fond, un chœur discret murmurer :
« On est là. Avec toi. Toujours. »
Alors ON CONTINUE !



