Chère Fabuleuse,
« J’aime beaucoup ta tenue, elle te va bien et sa couleur fait ressortir ton teint. »
Oui, oui, c’est à toi que je m’adresse.
Comment réagis-tu à ces mots ?
Ta réaction est un bon indicateur de ce qu’on appelle « l’estime de soi ».
Peux-tu simplement répondre « merci », avec un sourire sincère ? Ou bien te sens-tu rougir, intérieurement gênée, confuse ? Peut-être même te mets-tu à expliquer que cette tenue est ancienne, achetée en solde, et que tu n’es pas certaine qu’elle t’aille vraiment ?
Avant de travailler sur le sujet et d’apprendre à m’aimer avec mes qualités et mes défauts, j’étais incapable d’accepter un compliment. Si une amie me disait que le plat que j’avais cuisiné était délicieux, je répondais : « Oui, mais ça manque de sel, et je pense que le four était trop chaud. » Ou encore : « Tu sais, j’ai juste suivi la recette. »
Il aurait été si simple de dire « merci » et de partager ce moment. Mais ce mot ne me venait même pas à l’esprit. Je me disais que mon amie voulait seulement être gentille, ou qu’elle n’était pas très exigeante.
Tu l’as compris : mon estime de soi n’était pas bien haute.
Il est important de comprendre ce qu’est l’estime de soi. C’est une sorte de guide intérieur qui me rappelle que j’ai de la valeur.
Elle m’aide à ne pas m’effondrer face à un échec, à accueillir un compliment ou une critique avec justesse. Elle m’invite à vivre en paix avec moi-même, à accompagner mon aidé sans chercher à être parfaite, en faisant simplement ce que j’ai à faire.
Avec une bonne estime de soi, je prends soin de moi plus naturellement. Je n’ai rien à prouver. Mon regard sur moi-même est bienveillant, et je ne me laisse plus envahir par la peur du jugement : « Le médecin va-t-il me trouver illégitime ? », « Vont-ils se moquer de ma tenue ? », « Vais-je être aimée comme je suis ? »
Je peux alors tourner mon énergie vers les autres, vers mes projets, au lieu de la perdre dans l’angoisse du regard extérieur.
Il ne faut pas confondre l’estime de soi avec la confiance en soi.
La confiance repose sur ce que tu es capable de faire. L’estime, elle, concerne ta valeur intrinsèque, qui tu es.
Le psychiatre Christophe André, dans son livre S’estimer et s’oublier, identifie trois grandes questions :
- Comment je me vois ? Reconnais-tu tes qualités et tes défauts ? Créative, drôle, attentionnée, mais aussi tête en l’air, impatiente peut-être ?
- Comment je me juge ? Est-ce que tu minimises tes qualités en les attribuant à l’hérédité ? Par exemple : « J’ai hérité du sens de l’organisation de ma mère, donc ça ne compte pas. » Si, bien sûr que ça compte !
- Comment je me traite ? Te consoles-tu après un échec ? Respectes-tu tes limites ? Ou t’accables-tu avec des « je suis nulle » ou « j’ai encore raté » ?
Quand tu réussis, cherches-tu à être admirée, ou dis-tu que c’est de la chance ? Te félicites-tu, remercies-tu ceux qui t’ont aidée ?
L’estime de soi, c’est aussi accepter notre interdépendance. Une réussite dépend rarement de nous seules. Elle est souvent le fruit d’un soutien, d’un bon moment, d’un bon lieu. Certains parlent de chance, d’alignement, de Providence.
De même, un échec n’est pas uniquement de notre ressort. Ce qui compte, c’est ce que tu choisis d’en faire.
Tu peux te consoler, comme tu le ferais pour une amie. Puis te demander : « Que puis-je apprendre ? » ou « À qui pourrais-je demander conseil ? »
Tu sens que ton estime de toi est faible ?
Pas à pas, tu peux la renforcer.
Elle a peut-être été entamée par trop de remarques négatives — les fameux « peut mieux faire ». Mais tu peux te reconstruire.
Voici quelques pistes :
- Se réjouir de ce qui est agréable ou de ce que tu reçois comme un cadeau de la vie. La gratitude ouvre ton cœur. Note les moments heureux, même les plus petits : le chant d’un oiseau, un sourire, une attention. Ils deviendront ton trésor intérieur.
- Dire oui à l’imperfection. Tu n’as pas à être parfaite pour être aimable. Ce sont tes vulnérabilités qui te rendent unique.
- Relire tes échecs avec douceur. Ils font partie de la vie. Ne t’y enferme pas. Console-toi et cherche ce que tu peux apprendre.
- Accepter un compliment. Répète-toi intérieurement un simple « merci ».
- Dire non à une demande, pour te dire oui à toi-même.
- Offrir un compliment sincère à quelqu’un. Cela ouvre ton cœur.
- Écouter une critique. Si elle est juste, elle t’éclaire. Si elle est injuste, laisse-la passer.
- Choisir de passer du temps avec toi-même. Apprends à aimer ta propre compagnie.
Toi qui es aidante, tu sais ce que c’est que de te donner. Parfois même, tu ne t’en rends plus compte. Mais ce don, discret, invisible, est précieux.
Regarde-le. Reconnais-le. Tu es bonne, attentive, prévenante. Tu peux être fière de toi.
Chère Fabuleuse Aidante, l’estime de soi n’est pas une fin en soi. C’est un chemin vers plus de paix, de liberté, de joie.
Tu n’as pas besoin d’être admirée pour être heureuse. Tu as besoin d’être aimée… et d’être toi.
Et si c’était, pour toi, un premier pas vers le lâcher-prise ?
