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La fabuleuse trousse de secours 

Rebecca Dernelle-Fischer 1 juillet 2025
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Lors des départs en vacances, je prépare toujours en premier notre trousse de secours. Je vérifie qu’on ait bien les médicaments nécessaires, ceux dont on pourrait éventuellement avoir besoin et bien entendu de quoi soigner les petites blessures qui pourraient se présenter. 

Notre trousse de secours n’est pas énorme mais je sais que pour certaines mamans aidantes, impossible de partir sans une trousse de secours de la taille d’une demi-pharmacie, tant les besoins de leur aidé sont spécifiques. Quelle charge mentale supplémentaire! Je pense que les mamans aidantes devraient recevoir des médailles d’or pour tous leurs efforts supplémentaires dans la préparation des vacances scolaires et départs en vacances (pour celles qui ont l’opportunité de partir) ! 

Si personne ne te l’a dit, laisse-moi te le dire : tu es incroyable ! Tu gères tant et si bien ! N’oublie pas que des erreurs, des oublis, des ras-le-bol, des moments compliqués, des colères, il y en aura. Elles font parties de nos vies et toi, ma chère fabuleuse aidante, tu m’épates ! Bravo.  

En ce début de mois de juillet, j’aimerais te proposer une trousse de secours toute spéciale, pour cet été. Dedans, tu y trouveras quelques prescriptions de psy en cas de situation critique. 

Choisis ton symptôme principal, lis ces quelques mots d’explication et applique une ou plusieurs des solutions proposées, autant de fois que nécessaire.

Symptôme : « Je me sens dépassée par la situation »

Certaines situations sont comme un tsunami qui écrase tout sur son passage. Elles nous laissent perdues, incertaines, peut-être même honteuses. On se retrouve en dessous, balayée, désorientée. Ces situations n’ont même pas besoin d’être massives pour nous faire cet effet, parfois, un rien nous fait perdre pied et c’est comme si l’on n’arrivait plus à sortir la tête de l’eau.

Ma prescription : 

  • Accueille ta réaction sans la juger. Ne te fais pas de reproches sur ta réaction, n’essaye pas de la minimiser, ni de l’éviter. Tu n’as pas besoin de critique mais bien de réconfort, de confiance en toi et d’espoir. 
  • Si ta réaction perdure et que la situation devient une idée fixe, remet cela en perspective :
    • Est-ce que cela sera encore aussi important dans 5 minutes, dans 5 semaines, dans 5 ans ? 
    • Rappelle-toi de tes statistiques : jusqu’à présent tu as tellement bien géré, tu as tout ce dont tu as besoin en toi pour retrouver ton équilibre et avancer.
    • Parles-en à quelqu’un, cela te permettra de mieux digérer toutes ces émotions, de faire passer la boule qui te coince la gorge.

Symptôme : « Je vais exploser »

As-tu déjà vu une cocotte-minute quand sa pression augmente : elle bouge, tremble, siffle, tu as l’impression qu’elle pourrait exploser à chaque instant. Parfois, nous nous sentons comme cela aussi. On essaye de retenir notre colère, notre frustration, nos réactions mais on ressent toute cette pression s’accumuler en nous. On est au bord de la crise de nerf, des coups de colère, des cris et des pleurs. Tout s’accumule et nous sentons qu’un rien pourrait nous faire exploser. 

Ma prescription : 

  • Bienvenue au club ! Tu es humaine, tu as des limites et la casserole qui se met à siffler, c’est juste le signe qu’il y a trop de pression. 
  • Pour aider, il va falloir considérer deux aspects :  à court terme faire sortir la pression et à long terme diminuer « la chaleur » sous ta casserole.
  •  À court terme : comment peux-tu faire diminuer toute cette énergie qui s’est accumulée en interne, d’une manière non destructive ? Sans que tu ne te fasses du mal à toi ou encore à ceux qui t’entourent. 

Tu peux aller courir, laver les vitres, couper des légumes, écouter de la musique, faire un peu de coloriage, faire quelques photos, chercher un pain à la boulangerie, danser en mettant la table, demander 15 minutes de silence complet, jouer un jeu sur ton téléphone… tu as besoin de 15 à 20 minutes pour sortir du mode « au bord de l’explosion ». 

C’est comme quand tu éteins et rallume ton ordinateur : il lui faut du temps pour être de nouveau fonctionnel. L’important c’est que tu le fasses délibérément : « je suis au bord de l’explosion, j’ai besoin de faire sortir la pression, qu’est-ce qui va me permettre de le faire efficacement ? » 

  • À long terme : quand on a tendance à toujours être à la limite de l’explosion, c’est qu’on a trop à faire, à gérer, trop d’un truc qu’on n’aime pas et pas assez de ce qui nous passionne. C’est qu’on doit donner plus que ce qu’on a à disposition. Pour changer cela et diminuer « le feu » sous la casserole, tu peux : réduire, simplifier, dire non, arrêter de se mettre constamment la pression à soi aussi. Bref, trier entre l’indispensable, l’essentiel, l’éventuel et le non nécessaire. 

Symptôme : « J’ai une montée d’angoisses »

Nous sommes beaucoup de fabuleuses mamans à vivre au jour le jour avec un certain niveau d’angoisse qui peut varier en fonction des situations vécues, d’un ressenti corporel, de nos hormones, … Il est multifactoriel et dépend non seulement de la situation extérieure mais aussi de la perception que nous en avons et de l’état dans lequel nous sommes. 

Ma prescription : 

– Boire un grand verre d’eau bien frais

– Bien ancrer tes pieds sur le sol (tu peux même te coucher par terre et sentir comment ton corps est porté, cherche à trouver tous les points de contact entre ton corps et le sol, respirer)

– Toucher, caresser un objet. Comment est sa surface ? Est-ce qu’il est chaud ou froid ? Est-ce qu’il est lisse, structuré, doux, rugueux ? 

– Manger un bonbon fortement mentholé ou acidulé, quelque chose qui va « secouer un peu ton corps », le rappeler à ce qui se passe « ici et maintenant »

– Chercher les bruits autour de toi, les écouter, peut-être même mettre une musique que tu aimes 

– Activer les deux hémisphères de ton cerveau en alternance, en faisant une activité qui mobilise tes 2 mains. Certaines tricotent, d’autres utilisent tout simplement l’embrassade du papillon (croiser les bras sur la poitrine et tapoter avec la main gauche sur l’épaule droite puis avec la main droite sur l’épaule gauche)

– Danser ou secouer les angoisses 

– Faire une grosse pause, éventuellement dormir un peu

Et puis quand ça va un peu mieux, tu peux chercher ce qui a déclenché la montée d’angoisse et peut-être l’analyser, faire un recadrage, trouver des solutions ou tout simplement prendre le temps de se rassurer soi-même : « ici et maintenant, ça va, je respire, pas besoin de résoudre tous les problèmes aujourd’hui, une chose à la fois, un quart d’heure à la fois ». 

Symptôme : « J’ai un gros coup de blues »

Certains jours de vacances ont l’art de nous transporter dans une fatigue un peu « dépressive », une lassitude, peut-être même une forte nostalgie du temps qui passe. Parfois, c’est l’idée du retour à la maison qui nous sape le moral, parfois c’est le fossé qu’il y a entre nos vacances de rêves et notre réalité. Parfois c’est le reflet des vacances des autres dans les réseaux sociaux, les bribes de ce que l’on nous donne à voir et qui nous pousse à nous comparer. 

Ma prescription : 

  • Sort tes lunettes supersoniques qui t’aident à voir le beau, les petits trésors tout autour de toi, et en toi. Cherche ce qui te plaît dans ta vie, observe ta famille, ton fabuleux, tes enfants, trouve le goût de leur singularité, apprécie le miracle qu’ils sont ! 
  • Ressort ton carnet de gratitudes et note, écrit, pose sur papier tout ce que tu trouves et qui te fait soupirer un « merci la vie ».
  • Ne te compare pas à l’image déformée que t’offre les réseaux sociaux : on s’en fout des vacances à Honolulu de Miss Pimprenelle et sa famille de rêve ! Laisse-les vivre leur vie et vis la tienne, croque-la à pleine dents ! Regarde bien tout autour de toi, les gens, leurs familles, leurs interactions, on est tous humains, tu verras, on fait tous du mieux que l’on peut avec ce que l’on a. 
  • Félicite-toi pour ce que tu accomplis de grand ou de petit, pour qui tu es, pour ta famille, ta vie : imparfaite mais si belle, si fabuleuse que tu es ! 

Symptôme : « J’ai l’impression d’étouffer et je voudrai tout plaquer et m’enfuir »

Parfois, le quotidien ressemble tant à une prison qu’on a envie de tout plaquer ( surtout pendant les vacances en famille). On voudrait ne plus être ni adulte, ni maman, ni épouse…. On voudrait juste de la liberté, redevenir adolescente révolutionnaire dans un monde où toutes les possibilités s’offrent à nous, aucune peur, aucun horaire… On voudrait juste être nous en vie et libre. 

On se retrouve devant un choix « aimer ou haïr » ce présent qui est le nôtre, cette famille qui est la nôtre, ces vacances qui sont les nôtres et cette situation dans laquelle nous nous trouvons. Il se crée alors comme un champ de bataille interne où on tire sur tout ce qui bouge, on se déteste, on se déteste dans cette situation et on commence à tirer sur les autres, à les critiquer, à leur faire payer notre insatisfaction, notre frustration, notre amertume. 

Ma prescription : 

  • Réclame un cessez-le-feu interne : le conflit est en toi et non en dehors de toi. Même si tu partais seule au bout du monde, tu prendrais ce conflit, cette frustration, ce mécontentement avec toi. Le conflit est en toi et c’est en toi qu’il faut recréer un sentiment de paix. 
  • Écoute sans juger toutes les voix qui s’emmêlent dans ton esprit. Qui veut quoi ? Qui n’en peut plus de quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? Écoute, respire, accepte que certains nœuds aient besoin de temps pour se défaire, guérir, qu’il faut du travail pour reconstruire sa paix intérieure. 
  • Soit bienveillante avec toi, tu es juste humaine : fabuleuse, imparfaite, humaine. Tu as besoin d’être dans ton équipe, de t’encourager, de t’apprécier, de te pardonner certaines erreurs du passé ou de relativiser certains de tes défauts, de célébrer tes qualités. 

Et tu verras, quand tu commenceras à vivre cette acceptation de toi-même, de tous les aspects de qui tu es au fond de toi, quand tu commenceras à te donner toute la place que tu mérites, à écouter et vivre ce dont tu as besoin, et bien toute cela débordera dans ta famille, et cette bienveillance, tu pourras aussi la vivre envers tes enfants, ton mari, tes parents,… petit à petit, en arrosant notre cœur, cela déborde sur nos proches et nous fait à tous un bien fou ! 



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Cet article a été écrit par :
Rebecca Dernelle-Fischer

Psychologue d’origine belge, Rebecca Dernelle-Fischer est installée en Allemagne avec son mari et ses trois filles. Après avoir accompagné de nombreuses personnes handicapées, Rebecca est aujourd’hui la maman adoptive de Pia, une petite fille porteuse de trisomie 21.
https://dernelle-fischer.de/

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