Parents vieillissants

Faire des efforts…

Blanche Renard 23 septembre 2025
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Parmi les injonctions souvent entendues dans le développement personnel, il en est une qui demande une bonne connaissance de soi.
Il s’agit du fameux « sortir de sa zone de confort ».
Elle se traduit parfois par cette injonction : « fais un effort ! »
Cette phrase est d’autant plus violente que personne ne sait ce qui se passe en toi lorsque tu es confrontée à une situation qui te demande un surcroit d’énergie ou qui t’effraie.

La notion d’effort est très personnelle. 

Son vécu est subjectif car nous sommes tous différents.
Pour certains, courir 2km demandera un gros effort et un long temps de récupération. Pour d’autres ce sera juste un petit échauffement.
Pour certains, aller parler à un inconnu relèvera de l’exploit, pour d’autres ce sera naturel.
Il en va de même avec beaucoup d’actions : se lever tôt, déménager, faire la cuisine, parler en public, prendre l’avion, remplir un dossier et même se maquiller ou se coiffer… nous sommes inégaux et avons tous nos domaines de « facilité » et nos domaines « d’effort ».
Ils dépendent de notre éducation, de notre santé (physique ou psychique), de notre motivation, de nos habitudes et aussi de notre histoire.

L’effort est présent dans la plupart des domaines de nos vies. 

C’est d’ailleurs lui qui, entre autres, a fait de nous des adultes responsables et compétents dans certains domaines choisis.
On pense souvent d’abord à l’effort physique qui met en jeu notre corps, sa résistance aux sollicitations physiques et à la fatigue.

Puis, il y a l’effort mental qui se traduit par notre capacité d’attention, de mémorisation, de calcul, de réflexion. On peut aussi y intégrer la fameuse charge mentale que nous connaissons bien et qui est parfois lourde, voire trop lourde.

Et enfin, il y a l’effort émotionnel. C’est celui que chacune de nous fait quotidiennement sans s’en rendre compte, avec son environnement.
En voici quelques exemples :
Réguler ses émotions : quand ton aidé te fait ressentir de la colère et que tu choisis de ne pas lui montrer car tu sais que ça ne servira à rien. Ou encore quand tu t’effaces devant une remarque désagréable.
Faire bonne figure : quand tu rencontres le médecin et que tu crains qu’il te juge : tu essaies alors d’assurer, de sourire, de paraître ce que tu penses être “une bonne mère”, une bonne épouse ou une bonne fille.
Parler diplomatiquement au professionnel de santé qui vient donner des soins et qui n’agit pas forcément aussi bien que tu voudrais.
Se motiver pour aller à une nouvelle consultation avec un nouveau spécialiste qui peut-être trouvera une solution.
Maintenir son image quand on te demande « ça va ? » et que tu ne sais pas quoi répondre car tu ne veux pas mentir mais tu n’as pas envie de t’effondrer devant ce collègue.
Être patiente avec ton aidé à qui tu répètes plusieurs fois la même chose et qui oublie systématiquement. Ne pas le blesser par ton agacement.
Recommencer à raconter au médecin remplaçant l’historique de la maladie de ton aidé alors que ça fait remonter en toi pleins d’émotions que tu ne souhaites pas partager et que tu pensais surtout avoir surmonté. Retenir cette émotion.

Je pense que tu as connu cet effort émotionnel chère Fabuleuse. Il est même peut-être très présent dans ton quotidien et te prend énormément d’énergie.

Trop d’efforts mettent à plat ta batterie.

Tu ressens alors le besoin de te ressourcer ou au moins de tout lâcher quelques instants pour, tu l’espéres, recharger cette batterie intérieure.

Chère Fabuleuse, je t’invite à prendre conscience de toute l’énergie qui part dans ces activités dites d’« efforts émotionnels ». Je t’invite surtout à ne pas culpabiliser en ressentant la fatigue de cet effort invisible.
Peut-être te sens-tu jugée quand tu es fatiguée ? Tu n’as pas à te justifier. Ce que tu vis est fatigant et chacun fait à sa mesure.
Je me souviens qu’à une époque, prendre la voiture pour aller en ville à un rendez-vous médical m’ôtait toute mon énergie. J’habitais alors en périphérie et étais confrontée au regard d’une voisine qui faisait quotidiennement le trajet en trouvant ce moment agréable car elle en profitait pour écouter de la musique. Mon stress de la conduite engendrait une fatigue et mettait mon estime de soi au plus bas.

Il existe aussi un autre piège qui nous prend beaucoup d’énergie : le perfectionnisme, qui nous rend toujours plus exigeantes envers nous-même alors que très souvent « fait vaut mieux que parfait » comme nous aimons le dire chez les Fabuleuses.

L’enjeu est de savoir où placer ton effort.

Si tu accomplis une action qui a du sens pour toi, que tu aimes ou qui est motivée par tes valeurs, l’effort demandé sera moindre et tu garderas un niveau d’énergie plus satisfaisant.
Si tu obéis à une injonction familiale, à un désir de correspondre à une image que tu veux donner de toi ou à la peur d’un jugement (réel ou supposé), l’effort à fournir sera plus grand et tu seras plus rapidement épuisée.

La vie nous demande de faire des choix.
Dans quoi vas-tu choisir de mettre cette énergie ? Si tu mets toute ton énergie dans un domaine, que te restera-t-il pour les autres domaines ?

A toi qui es aidante de ton parent et peut-être aussi en couple avec des enfants, quelle énergie vas-tu garder pour ton conjoint, tes enfants et aussi ta vie sociale, ta santé, ton travail ? Que peux-tu mettre en place pour que ton capital « énergie » ne soit pas dilapidé dans une seule activité ?

A toi qui es aidante de ton conjoint, que peux-tu mettre en place pour garder de l’énergie pour une relation de couple (sans l’aidance, juste pour la relation) avec ce conjoint si elle est possible. Ou encore pour tes amitiés et ta santé ?

A toi qui es aidante de ton enfant, qu’elles sont les possibilités d’aide extérieure pour garder de l’énergie pour ton autre enfant par exemple ou pour ton conjoint et ton équilibre ?
Ces questions ne sont pas là pour te culpabiliser. Chacune de nous fait comme elle peut. Il est bon parfois de s’arrêter et de se poser la question de ce que je peux peut-être changer pour un mieux.

Varier nos activités est aussi une façon de nous ressourcer car nous fournissons des efforts différents en fonction de ce que nous faisons. Si nous alternons nos différentes activités, nous nous « usons moins à la tâche ».

Chère Fabuleuse, je sais que tu es très souvent sollicitée pour aller au-delà de tes limites, sortir de ta zone de confort et « faire un effort » supplémentaire. Je t’invite à te garder des moments de « facilité », des moments sans effort ou avec des efforts moindres :
marcher par exemple demande un effort physique et dynamise en même temps, travailler un dossier exigeant demande un effort mental et peut donner une joie intellectuelle ressourçante, accomplir une tâche administrative peut procurer de la satisfaction, rencontrer des amis peut demander un effort émotionnel et aussi réjouir le cœur.

Quelle facilité ou quel effort te ressource ?

Qu’as-tu fait ou que vas-tu faire aujourd’hui pour avoir un niveau d’énergie plus confortable pour vivre les efforts que te demande ton quotidien d’aidante ?

Pour ma part, j’ai téléphoné à une ancienne voisine : ça m’a fait chaud au cœur. J’ai aussi décidé de marcher au lieu de prendre le métro : l’air frais m’a fait du bien et j’ai choisi de marcher à mon rythme. Et toi ?
Je t’invite à nous partager ceci sur le salon ou par mail. Ton ressourcement sera peut-être une belle idée pour celles qui te liront.



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Cet article a été écrit par :
Blanche Renard

Thérapeute formée à la méthode Vittoz, je suis aussi maman de six enfants. Je suis l’aidante de notre dernier : né avec une malformation, il a une maladie chronique. Il est aussi dyspraxique et porteur d’un TSA. Je suis parfois aidante de ma mère. 

Ma mission est de répondre aux mails des Fabuleuses Aidantes ; j’ai à cœur d’écouter, de me laisser toucher et d’encourager chacune dans son quotidien atypique.

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