Dans nos vies d’aidantes déjà bien exigeantes, la moindre contrariété peut facilement nous faire « péter un câble », ce qui provoque généralement un sentiment de défaillance, voire d’échec. Comme lorsque je me surprends à crier contre mon fils dyspraxique pour un simple verre cassé, après une longue journée à gérer les enfants seule…
Dans ces moments-là, j’ai constaté que mes premières pensées s’orientaient souvent dans deux directions :
« C’est injuste » et/ou « Je suis nulle ».
Autant dire que non seulement ça ne fait pas avancer le schmilblick, mais qu’en plus je me rajoute ainsi une sacrée couche de déprime !
Or selon Marie-Josée Bernard, professeure en management, leadership et développement humain à l’EM Lyon, « être en guerre perpétuelle avec soi-même, en colère et dans la frustration d’une souffrance ressentie mais non acceptée provoque des dommages collatéraux bien plus graves que la douleur elle-même. Les émotions négatives prolongées portent atteinte au système immunitaire et impactent tous nos organes. »
Outch… Oui je sais, moi aussi ça m’a fait mal de le lire.
Et je te préviens, la suite pique encore plus : « Le « désamour » de soi entraîne souvent d’abord une forme de cynisme appliqué à soi et une intolérance à tous les autres… et revient ainsi à ne laisser aucune chance à l’autre en cas de défaillance, d’erreurs, ou de fautes. » En bref, cette attitude nous fait non seulement du tort à nous-mêmes, mais aussi à nos proches.
Alors je te rassure, chère Fabuleuse, mon objectif n’est pas de t’ajouter de la culpabilité — je sais que tu t’en charges très bien toute seule ! La bonne nouvelle, c’est qu’il y a une alternative :
j’aimerais aujourd’hui te parler de l’auto-compassion.
La première fois que j’en ai entendu parler, j’ai fait la moue, imaginant un concept assez individualiste de complaisance vis-à-vis de soi-même et d’égocentrisme… Eh bien en fait, pas du tout. Il ne s’agit pas de pleurer sur soi mais de changer de regard sur ce que nous vivons, dans les moments les plus durs, pour puiser la force de vivre l’épreuve et pouvoir se remettre en question de façon constructive lorsque cela s’avère nécessaire.
Selon le Dr Kristin Neff, chercheuse et enseignante à l’université du Texas, l’auto-compassion possède trois composantes :
- la bonté envers soi-même : se montrer bienveillante et compréhensive envers soi quand on souffre, quand on connait des échecs ou quand on ne se sent pas à la hauteur, au lieu d’ignorer sa douleur ou de se complaire dans l’auto-flagellation.
- le sentiment d’humanité : reconnaître que la souffrance et le sentiment d’insuffisance font partie de l’expérience humaine. En somme, tout le monde passe par là et même si c’est désagréable, c’est normal.
- la pleine conscience : développer une attitude équilibrée envers les émotions dites “négatives” (colère, peur…), qui ne doivent être ni ignorées ni exagérées non plus. C’est commencer à regarder ce qui se passe à l’intérieur de nous lorsqu’on souffre, comme si on regardait un animal sauvage lors d’un safari.
En théorie, on ne peut évidemment qu’adhérer à ce programme !
Mais concrètement, comment s’y prendre ?
Comment lutter contre notre réflexe spontané de jugement négatif ? Chez les Fabuleuses, nous prônons la méthode des petits pas : on ne peut pas changer nos automatismes d’un coup de baguette magique, mais un pas après l’autre. Tu peux ainsi commencer par modifier ton discours intérieur en te félicitant quand tu réussis quelque chose, comme tu dirais à ta meilleure amie : « Bravo, tu peux être fière de toi ! Tu as pris la bonne décision, tu es vraiment courageuse ! ».
L’objectif suivant est de t’entraîner à te parler avec la même bienveillance quand tu souffres ou quand tu as l’impression de ne pas être à la hauteur :
« Ça va aller. Tu as le droit de te sentir découragée. Quoi qu’il arrive, tu as de la valeur. Tes enfants n’ont pas besoin d’une mère parfaite, ils ont besoin de toi. »
Le sentiment d’humanité peut également t’aider à trouver de l’apaisement dans ton discours intérieur :
« Tout le monde réagit comme ça de temps en temps, c’est humain. D’autres personnes se sentent ainsi. Je ne suis pas seule, je ne suis pas la seule. Nous luttons tous et toutes dans nos vies. »
Enfin, la pleine conscience est un ingrédient très précieux pour faire le tri dans nos émotions et les observer avec curiosité. On peut le faire dans sa tête, mais le plus efficace est de le faire par écrit ; il a été prouvé que tenir un journal aide à améliorer le bien-être mental et physique.
Quand tu te sens submergée par toutes sortes d’émotions, tu peux donc sortir un carnet et essayer de répondre aux questions suivantes :
- Physiquement, comment je me sens ?
- Comment s’appelle cette émotion ?
- Est-ce que je la ressens souvent ?
Et pour l’avoir expérimenté moi-même, je te garantis que le simple fait de poser tes réponses sur le papier va t’aider à relâcher tes tensions, comme si tu mettais de l’ordre dans ta tempête intérieure.
Chère Fabuleuse,
L’auto-compassion est un formidable outil de pacification, vis-à-vis de soi mais aussi vis-à-vis de ses proches.
Comme le dit Marie-Josée Bernard, « accepter de ne pas être parfait, accepter sa défaillance momentanée pour ouvrir un autre espace de pensée et d’actions, c’est à cette nécessité que peut répondre l’auto-compassion. La sincère compassion pour autrui ne peut se manifester réellement que lorsque chacun a pu l’éprouver aussi sincèrement à son propre égard. Poser ce regard sur soi un moment pour se donner les forces pour une transformation est une qualité rare et précieuse. »
Et si tu as envie d’être davantage accompagnée sur ce chemin pour faire la paix avec toi-même, n’hésite pas à rejoindre l’aventure du Village, un programme de 12 mois pour prendre soin de la Fabuleuse qui est en toi !