Enfants extraordinaires

Accepter l’autre tel qu’il est

Une Fabuleuse aidante 15 novembre 2021
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On dit souvent qu’aimer c’est accepter l’autre tel qu’il est. J’y crois fermement … mais je crois aussi qu’il faut une vie pour cela. Cela ne se décrète pas d’un seul coup. Il n’existe pas de temps dans notre conjugaison pour exprimer cette progressivité. C’est dommage. Car l’infinitif « accepter » édulcore tout cet apprentissage de l’autre, qui prend du temps.

Je ne suis pas une maman comme les autres.

Nous avons trois enfants âgés de 11, 8 et 5 ans. Cependant, mon apprentissage de la maternité fut houleux car notre aîné est atteint d’un syndrome. Il a une vie « presque » comme tout le monde et notre quotidien est souvent chamboulé par ce « presque ».

En effet, Quentin est né avec une malformation cardiaque, opérée rapidement.

Puis les médecins nous ont informés d’un possible syndrome – rapidement confirmé – qui aurait des conséquences sur la gestion de ses émotions, ses raisonnements et son élocution. Commence alors pour nous l’apprentissage d’une parentalité jalonnée de 2 à 3 rendez-vous de rééducation par semaine, de nouvelles plus ou moins bonnes.

Avant de savoir ce qu’était un développement « normal » d’enfant, nous avons été confrontés aux messages négatifs des médecins : « il ne fera pas… » , « il ne sera pas… ». Je pourrais écrire un livre sur ces étapes de diagnostic, ce millier de RDV de médecins / orthophonistes / ergo / etc.

Pourtant, mon mari et moi nous sommes toujours efforcés de positiver, de le voir comme NOTRE petit garçon, mais aussi de lui donner toutes les chances de progresser, malgré nos inquiétudes. Quentin a toujours été un petit garçon extrêmement courageux, et sportif, nous attendrissant souvent par sa persévérance et son envie de réussir. Il est en 6e et nous sommes fiers de son chemin parcouru !

Cependant, pour lui, tout est plus difficile, tout lui demande plus d’énergie.

Cela ne se voit pas. Et c’est une difficulté en plus. Car après quelques phrases échangées avec lui, l’interlocuteur perçoit un « je ne sais quoi », souvent sans pouvoir l’interpréter. Quentin sent ce regard interrogateur, il se sent différent.

Aujourd’hui, presqu’adolescent, Quentin a beaucoup cheminé et il lui arrive d’expliquer les troubles dont il est atteint.

Mais je sais toujours dans mon coeur de mère qu’il en souffre, triste de se sentir différent des autres.

Alors oui vous allez me dire « on est tous différents les uns des autres ». Oui, certes, mais dans une certaine mesure. Quentin a soif de relations, d’amitiés mais il a du mal à contrôler ses émotions, de même qu’il n’interagit pas toujours de la meilleure façon avec les autres. Ces éléments ne lui permettent pas toujours de réaliser ce à quoi il aspire (par exemple, avoir une bande de copains « cool »). Ses réactions inattendues, parfois violentes, créent également de fortes tensions dans notre famille. Il s’en sent alors responsable. Parfois, épuisée par des réactions toujours automatiques et usantes à l’attention de ses sœurs, je m’énerve et en viens à exploser littéralement.

Chaque fois, j’en rediscute avec lui ensuite. Je demande pardon pour mes propres réactions et je me rappelle que je chemine, qu’accepter l’autre, aimer l’autre ne se fait pas d’un coup de baguette magique. Je me rappelle aussi que par sa différence, il m’aide à me souvenir que nous sommes tous singuliers et qu’il n’y a pas qu’un modèle de vie.

Et ce sont des moments où je l’aime « en entier, tel qu’il est ».

Puis, le quotidien reprend… Et j’essaie de faire mieux la fois suivante, de mettre l’amour avant toute « urgence » du quotidien. Je m’efforce aussi de mettre en pratique ce que j’apprends grâce à lui avec ses soeurs, de les aimer – elles aussi – telles qu’elles sont, sans vouloir les changer ou projeter mes aspirations sur elles. Quentin m’a appris à m’adapter et ainsi à être un meilleure maman, même s’il ne s’en rend sûrement pas compte.

Je ne suis pas comme les autres mamans

qui disent qu’il faut « profiter du présent, que tous les âges sont merveilleux »… Pour ma part, j’ai hâte de voir mon fils grandir encore, devenir chaque année un peu plus autonome, hâte de m’émerveiller de ses progrès futurs et de me dire « il a une belle vie, je suis fière de lui ». Je ne suis pas nostalgique de ses années de bébé car à l’époque, l’angoisse me serrait le cœur et m’empêchait justement d’être vraiment une mère disponible et aimante.

Mais, aujourd’hui j’ai cheminé.

J’arrive à dire que je suis une maman comme les autres, qui apprend au quotidien, pas à pas, à aimer c’est-à-dire accepter chacun de ses enfants.

Ce texte nous a été transmis par une Fabuleuse aidante, Olivia



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