Chère Fabuleuse,
Dans mon dernier texte, je t’ai partagé quelques points sur la façon dont on peut construire ensemble lorsque l’idéal se brise et tu l’as certainement compris que c’est un travail de chaque instant, un travail de longue haleine, un pas à la fois. Parfois nous allons réussir, parfois nous apprendrons mais l’essentiel est que nous progresserons pas à pas sur ce chemin de la résilience.
Alors oui, c’est le chaos complet lorsque l’annonce du handicap, de la pathologie, de la différence vient frapper et bouleverser notre dynamique familiale si bien huilée. Chacun de nous, en tant que couple, doit guérir de ces petits “deuils“ et nous avons chacun de nous ce travail à faire sur nous-mêmes afin d’être l’architecte de notre bonheur durant ce moment douloureux.
Tu sais, j’essaie vraiment de peser le poids de chacun de mes mots lorsque je partage sur ce sujet avec toi. Je le trouve si sensible et profond que je ne veux surtout pas que tu te sentes heurtée en me lisant. Si tu savais…
Je ne suis pas meilleure que toi,
je fais mes armes sur le terrain moi aussi. Je voudrais que tu te sentes comprise, réconfortée en me lisant, que mes mots mettent un baume sur les maux de ton cœur. J’aimerais être un peu comme cette bonne vieille amie qui, une tasse de chocolat chaud à la main, près de toi, te prend par le bras afin que tu puisses déposer ta tête sur son épaule…
Ce sujet délicat qu’est la “survie” du couple dans ce chaos du traumatisme, nous allons en parler un peu plus encore aujourd’hui. Aucun couple ne se ressemble et le traumatisme ne laissera jamais la même empreinte dans les cœurs, chacun de nous allons avoir notre façon propre de surmonter ce moment. Chère Fabuleuse, je crois que si tu appuies sur le bouton “pause”, tu sauras trouver en toi toutes ces petites clés qui te conviendront, à toi, pour déverrouiller vos portes, à vous.
Tu te rappelles ? Je t’avais partagé notre credo à mon Fabuleux et moi :
« Chacun fait du mieux qu’il peut avec le peu qu’il a »
C’est ainsi que nous nous construisons puis, ensemble, nous bâtissons notre quartier d’amour. Il y a aussi d’autres petites choses que nous avons découvert, sur cette route de la résilience, afin de construire ensemble lorsque l’idéal s’est brisé.
Voici donc ce que je souhaite te partager aujourd’hui :
La douleur n’est pas à renier, il nous faut l’accepter et la digérer
La douleur est présente. Apprendre que son enfant est différent, ça fait mal. Apprendre que son papa est atteint d’une maladie incurable, ça fait mal. Apprendre que tu ne pourras plus poursuivre cette carrière parce que tu es désormais aidante et que logistiquement parlant c’est impossible, ça fait mal ! Oui, oui et encore oui. C’est douloureux, ça fend le coeur, ça le laisse en miettes, ça nous met à genoux et ça fait mal !
« Ne pleure pas ! Sois forte et courageuse », auraient pu nous dire certaines personnes, telles des “grands-mères” de l’ancien temps. Eh bien, j’ai envie de te dire chère Fabuleuse : « Crie très fort, hurle ta rage, pleure à te sentir vidée, ça ne t’empêchera jamais d’être forte et courageuse à la fois. »
Il faut du courage pour être vulnérable (si tu le veux bien, je te parlerai de ce sujet dans un prochain texte).
J’aimerais te rappeler ici une phrase d’Hélène Bonhomme, partagée dans l’un de ses mails du matin « Parfois, la douleur nous tord les entrailles et l’on croit que l’on ne pourra plus jamais mettre un pied devant l’autre. Se relever prend du temps. Beaucoup de temps. Et puis un jour, on se surprend à regarder en arrière et on réalise que même cette épreuve-là n’a pas eu que du mauvais. Ça s’appelle la résilience. »
Je me rappelle de ce moment où j’ai eu le sentiment d’être au bord d’un gouffre sans fond. Oh oui, cette douleur qui m’a tordu les entrailles, comme je l’ai ressentie ! Au moment où je me relevais, fragile, l’annonce d’un second handicap est venue me remettre à terre… Alors oui, la douleur elle est présente, on l’encaisse, elle nous coupe le souffle et nous laisse souvent anéantis. Mais petit à petit, comme dans toute terre aride, les bourgeons poussent à un moment et tu te relèveras toi aussi, tu vas continuer à avancer, à grandir et à te développer. Tu vas t’apercevoir à quel point tu es fabuleuse car c’est ton identité, et je le crois tellement en te l’écrivant.
J’aimerai te partager une image utilisée par le Docteur Caroline Leaf qui m’a particulièrement encouragée et qui m’a donné une autre perspective :
Accepter la douleur et ne pas renier ce que nous ressentons nous permet alors de mieux l’appréhender. Et puis, dans tout ça, dans ce couple que nous formons, nos Fabuleux traversent la même route que nous, à leurs façons propres à eux. Ils ont donc aussi besoin d’espace, d’exprimer tout cela comme ils le ressentent, eux.
Et ce n’est pas chose aisée.
Parce qu’à cet instant, nous sommes tous les deux abîmés, nous allons glisser, déraper… La pression de la petite cocotte-minute, elle veut sortir, tu t’en rappelles ? Et c’est là que nous apprenons, dans le concret, à aimer, à pardonner, à avancer, à construire et aussi à crier et pleurer il faut bien l’avouer !
Cette semaine, accepterais-tu un petit défi de ma part ?
Prends-toi un carnet de notes, celui qui parle à ton cœur, à qui tu auras envie de révéler des choses précieuses et allons, ensemble, commencer à y annoter des questions, des réflexions sur ce sujet.
Voici donc pour toi, chère Fabuleuse, quelques pistes de réflexion :
- Qu’est-ce qui crée en moi le plus de douleur dans cette situation ?
- Que puis-je faire afin que mon Fabuleux se sente aimé, soutenu ?
- De quelle manière j’apprécierais qu’il agisse afin de me sentir aimée, soutenue, comprise ?
- Je regarde en arrière et je vois mes progrès parcourus ces dernières semaines pour appréhender cette douleur. Cela me rappelle à quel point je suis fabuleuse : je le note, fièrement…
Prépare-toi une boisson chaude, sors ton stylo, laisse ton cœur et tes larmes rouler s’il le faut. Pour ma part, je te laisse avec ces mots d’Hélène Bonhomme :